Priez comme vous le pouvez

Spiritualité 30 juin 2023

Je vais être honnête avec vous. Je trouve la prière très difficile. Si je devais donner la cause de toutes mes larmes de ces dernières années, la plupart d’entre elles sont venues lors de mes conversations avec Dieu. La raison pour laquelle je trouve cela difficile, c’est en partie qu’il n’en a pas toujours été ainsi. J’ai connu des périodes de ma vie où la prière était une grande joie. Où je prenais fréquemment le temps de marcher de longues étendues de plages pour parler avec mon Créateur. Où la prière apportait réconfort, clarté et direction.

Mais ce n’est plus le cas depuis un moment. Au lieu de cela, la prière a été à l’origine de blessures profondes et de déceptions. Maintes et maintes fois, je me suis retrouvé à demander : “Où es-Tu ?” et si Tu es là, quelque part, “pourquoi cela ressemble-t-il à une relation à sens unique?”

 

La vie nous distribue quelquefois des mauvaises cartes. Même en tant que chrétiens, nous ne sommes pas à l’abri de la souffrance. Nous pouvons être en train de fredonner la vie quand tout à coup nous sommes dans une intrigue à laquelle nous ne pouvons pas donner de sens. Nous sommes comme un vêtement qui reçoit une averse puis est jeté dans une essoreuse où il tourne à toute vitesse. Pour certains, les réponses arrivent rapidement et la paix, la clarté, la guérison et la direction avec elles. Mais d’autres se retrouvent coincés au milieu, attendant, se demandant et essayant de se frayer un chemin à travers le désordre et de s’accrocher à leur foi. C’est souvent là que nos questions sur la prière et Dieu se posent :

Est-ce que mes prières comptent ? Pourquoi Dieu ne répond-il qu’aux prières de certaines personnes ? Existe-t-il une équation divine avec pour composantes ce que je demande, le temps que je passe et le nombre de personnes qui prient et qui attirent l’attention de Dieu ? S’Il dit que tout est possible, pourquoi ne fait-Il rien ?

 

Certaines des paroles les plus connues mais les plus déroutantes de Jésus sur la prière ont été données aux disciples et à une foule de personnes pendant le sermon sur la montagne. Jésus a dit : « Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe.» (Matthieu 7:7,8).

Les instructions de Jésus semblent assez simples : chercher, demander, frapper et recevoir. Mais cela n’arrive pas toujours. Alors, que faisons-nous lorsque notre demande ne reçoit pas de réponse ou lorsque notre recherche nous laisse avec plus de questions que de réponses ?

 

Dans son livre « Prier comme les moines, vivre comme des idiots », Taylor Staton explique que ces trois mots “demander”, “chercher” et “frapper” sont écrits en grec dans un temps pour lequel nous n’avons pas d’équivalent grammatical en français. Ils impliquent une action continue qui se déroule dans le présent et dans le futur. La manière la plus littérale de traduire ce passage dans Matthieu 7 est : Continuez à demander, et vous recevrez. Continuez à chercher, et vous trouverez. Continuez à frapper et la porte vous sera ouverte. La réponse de Jésus à ceux qui demandent sans obtenir de réponses et qui se lassent est . . . la persévérance

Mais, par définition, il est difficile de persévérer. Ce n’est pas facile de continuer à venir à Dieu avec les mêmes choses pendant des semaines, des mois, des années ou des décennies. Lorsque la lutte persiste, la maladie persiste, les questions se multiplient, le cœur souffre toujours et les désirs ne sont pas satisfaits – venir à Dieu encore et encore est épuisant. Par conséquent, beaucoup abandonnent, d’autres deviennent amers et certains évitent la prière. Tout comme l’amour et la confiance, la prière comporte des risques. Et s’Il ne répondait jamais ? Que ferai-je de toutes Ses promesses ? Comment vais-je croire que tout ce qu’Il dit est vrai?

 

Malheureusement, je n’ai pas de réponses à toutes les questions autour de la théologie de la souffrance. Il existe des réponses intellectuelles, mais elles ne tiennent pas beaucoup lorsque la vie semble être dans une spirale descendante ou face à de graves turbulences. Ce que j’ai à faire ici, c’est vous prodiguer quelques encouragements pour la balade.

Alors, que faisons-nous lorsque les événements de notre vie nous amènent à la prière, mais que notre prière nous laisse au même endroit ? Comment maintenir l’endurance pour tenir le coup ? Voici quelques éléments que j’ai trouvés utiles :

 

Soyez aussi humain que possible.

Nous pensons souvent que nous devons venir à Dieu agenouillés sur le sol, les mains jointes en un monologue de louanges poétiques à voix basse. Mais Dieu n’attend pas cela de nous. La seule exigence pour venir à lui est que nous le fassions avec honnêteté. Regardez simplement les Psaumes. Les prières de David étaient pleines de grognements, de gémissements, de plaintes, de poings levés, d’accusations, de larmes . . . et je suis sûr que certains jurons ont été omis dans la traduction.

Si vous ne pouvez pas aller à Dieu avec des louanges, allez à Lui avec votre colère, votre tristesse, votre confusion et votre déception. Si vous ne pouvez pas prier avec espoir, parlez-lui de vos doutes. Si vous ne pouvez pas prier pendant une heure, laissez tout sortir pendant une minute, puis continuez votre journée. Si vous êtes à court de mots, choisissez un psaume ou une prière déjà écrite avec laquelle vous êtes en harmonie, écrivez-les ou répétez-les à Dieu. 

 

Ne limitez pas la prière aux mots.

L’essence de la prière est le temps de qualité. Bien sûr, Dieu veut que vous lui parliez, mais il comprend que nous vivons des saisons où la vie est difficile. Si vous avez du mal à sortir des mots ou si parler de certaines choses est accablant, essayez de passer du temps avec Dieu d’une autre manière. Écoutez de la musique d’adoration et laissez les paroles être votre prière.

Sortez dans la nature. Exprimez-vous de manière créative à travers l’art. Écrivez vos prières sous forme de poèmes ou de lettres. Communiez. Ou, selon les mots de David, « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu: Je domine sur les nations, je domine sur la terre” (Psaume 46:10).

 

Adoptez la discipline du souvenir.

Il est facile de se souvenir des choses qui nous causent de la douleur et de la souffrance. Comme on dit, le corps garde les marques. Mais il n’est pas toujours facile de se souvenir de nos bénédictions, surtout pendant une période difficile. Pourtant, nous pouvons souvent trouver de l’espoir pour l’avenir lorsque nous identifions ce que Dieu a fait dans le passé. Pete Greig, le fondateur du mouvement de prière 24-7, déclare : « La mémoire est au cœur de la Bible.

Vous pourriez dire que c’est pourquoi elle a été écrite. . . C’est une discipline spirituelle essentielle ». Prenez le temps de penser aux grandes et aux petites choses qui vont bien, aux bénédictions dans votre vie et à la vie de ceux qui vous entourent. Écrivez-les afin que vous puissiez voir la liste des choses s’additionner au fil du temps.

 

Entourez-vous de personnes qui prieront pour vous et avec vous.

Selon la hiérarchie des besoins de Maslow, après la nourriture et l’eau, l’amour est le besoin le plus important que nous devons satisfaire en tant qu’êtres humains. Non seulement nous avons une plus grande satisfaction de vivre lorsque nous sommes connectés avec les autres, mais notre santé mentale s’améliore et nous avons plus de résilience lorsque nous vivons des épreuves. Trop souvent, nous restons silencieux et essayons de porter seuls nos doutes et nos difficultés.

Si je peux vous donner un conseil tiré de mon expérience, c’est de trouver des personnes de confiance, d’être ouvert avec elles sur ce que vous vivez et de les laisser vous aider à porter vos fardeaux. Demandez-leur de prier pour vous et surtout avec vous. Souvent, les gens peuvent parler d’espoir dans nos situations et entendre leurs prières peut être un baume pour l’âme.

Je trouve toujours la prière difficile, et j’attends toujours que les questions aient une réponse, que les désirs soient satisfaits et que la guérison soit obtenue. Mais je garde l’espoir que Dieu est bon, qu’il veut nous répondre, nous donner les désirs de notre cœur et nous voir ressentir de la joie et de la liberté dans cette vie. Il sait que cette dernière peut apporter de la douleur et nous promet que ce ne sera pas ainsi pour toujours.

 

Comme l’écrit Staton, “Dieu oriente l’histoire pour que les moments de plus grande douleur deviennent les moments de plus grande rédemption, déformant l’histoire pour être sûr que la douleur que nous ressentons libère le pouvoir d’une nouvelle vie, et les larmes que nous pleurons deviennent le fondement d’un monde meilleur. On nous promet qu’un jour viendra où le Père lui-même essuiera toute larme de nos yeux. Mais jusque-là, nous vivons sur une promesse intermédiaire : “Je ne laisserai pas perdre une seule de tes larmes.”

Si vous pataugez dans le désordre et la confusion de votre histoire ou si vous naviguez dans des rebondissements inconfortables que vous n’avez pas vu venir, continuez à demander, continuez à chercher, continuez à frapper. Et lorsque vous êtes devenu impatient à force d’attendre et que vous avez du mal à garder espoir, tenez compte des paroles du prêtre Dom John Chapman : “priez comme vous le pouvez, pas comme vous ne le pouvez pas”.

 

 

Auteur : Zanita Fletcher

Article original : Adventist Record

 

Traduction : Joël Gaget