Tous les ingrédients sont réunis pour l’extinction finale de l’humanité. La seule espérance est le retour de Jésus.
« Aujourd’hui, je crois à la possibilité de l’extinction de l’espèce humaine. Pour de nombreuses raisons, le changement climatique pourrait devenir catastrophique, même à des niveaux de réchauffement modeste », déclare Luke Kemp, un spécialiste de la disparition des anciennes cilivisations.1« Plus nous en apprenons sur le fonctionnement de notre planète, plus nous avons de raisons de nous en inquiéter », souligne le climatologue Johann Rockström.2
De plus en plus d’experts sur l’environnement partagent ce point de vue. Ils observent que le changement climatique s’accélère. L’effondrement planétaire pourrait se produire beaucoup plus tôt qu’on imagine. Pour expliquer ce phénomène, un nouveau type de recherche est apparu : la collapsologie (du latin collapsus, « ce qui tombe d’un seul bloc »), une science interdisciplinaire qui prédit l’effondrement du monde.3
L’effondrement, c’est la convergence de toutes les crises : climatique, écologique, géophysique, économique et sociale. « C’est un enchaînement de catastrophes qu’on ne peut plus arrêter et qui a des conséquences irréversibles sur la société », explique Pablo Servigne. Toutes ces crises sont interconnectées. Comme un effet de domino géant, elles se déclenchent l’une après l’autre.
L’effondrement écologique
« La Terre est proche du point de rupture et le temps commence à manquer cruellement », préviennent les scientifiques. Selon plusieurs instituts scientifiques, divers aspects du « système Terre », aujourd’hui neutres ou bénéfiques, pourraient à terme s’avérer néfastes et rejeter dans l’atmosphère plus de carbone et de méthane que toutes les activités humaines combinées. Ces « points de bascule » sont liés à des niveaux de températures au-delà desquels ces gaz seraient libérés. Les gaz à effet de serre (le carbone et le méthane) se répartissent dans divers réservoirs : l’atmosphère, les océans et la biosphère (le sol, les cultures et la végétation).
1. L’événement déclencheur
Les scientifiques s’accordent à dire qu’il existe un point de bascule de la température au-delà duquel les calottes glaciaires de l’Antarctique Ouest et du Groënland fondront. Leur point d’interrogation est le temps que cette glace mettra à fondre : soudainement ou progressivement ?
Car depuis quelques années, les choses s’accélèrent. La banquise arctique a régressé de 45% depuis 1979. Elle s’est réchauffée en moyenne de 0,75% par décennie, soit quatre fois plus vite que le reste de la planète. En peu de temps, cette banquise pourrait disparaître.
Sans la banquise du pôle nord, l’effondrement de l’écosystème global atteindra un point de non-retour. Tel un réflecteur, le manteau blanc de la banquise arctique renvoie 80% des rayons du soleil dans l’espace. À l’inverse, l’océan arctique absorbe 80% des radiations solaires. Tel un effet de dominos dévastateur, le réchauffement de cet océan peu profond provoquera la montée ultra-rapide de la température et d’une série d’événements en cascade : la fonte brutale des glaciers et du pergélisol (le sol gelé des régions froides), des ratés dans la circulation des courants marins, la déstabilisation des plaques tectoniques et le réveil des volcans à travers le monde.
2. Facteurs aggravants
Les forêts et les océans ont absorbé plus de la moitié des émissions de carbone des dernières décennies. Mais les forêts rétrécissent – 46% des forêts dans le monde ont disparu – et certaines deviennent émettrices de carbone au lieu de l’absorber. Les océans montrent des signes de saturation en CO2 (le dioxyde de carbone), avec comme évidence leur acidification. Telles des éponges, ils peuvent de moins en moins absorber l’accumulation du carbone dans l’air.
D’énormes quantités de carbone et de méthane (un gaz 28 fois plus réchauffant que le carbone) sont également stockées dans les océans et le sol des régions glaciales de la Terre. Ces gaz sont emprisonnés dans le pergélisol (aussi appelé le permafrost), un sol gelé en permanence en Sibérie et au Canada. Avec le dégel de la glace, ils commencent à se libérer et à chauffer encore plus l’atmosphère. Prisonnier des fonds océaniques (10 000 fois les réserves connues de pétrole), le méthane commence à s’échapper dans l’Arctique et finira par remonter à la surface.
« Dès qu’un ou deux dominos climatiques sont renversés, ils poussent la Terre vers d’autres points de basculement. Nous craignons qu’il devienne impossible d’empêcher cette rangée de dominos de tomber, ce qui pourrait menacer l’existence des civilisations humaines, »déclare le professeur Will Steffen.
3. La déplétion de la biodiversité
À travers le globe, on assiste à une cascade d’extinctions, à une défaunassions de nombreuses forêts luxuriantes. La grande faune sauvage a disparu. Deux tiers des insectes sont en survie. Quatre-vingt-dix pour cent de la biomasse des grands poissons a disparu. Les océans se sont vidés littéralement.
« Sans biodiversité, les écosystèmes disparaissent. Sans écosystèmes, les biomes meurent. Sans biomes, les régulateurs vivants de tous les cycles du carbone, de l’azote, de l’oxygène, du dioxyde de carbone et de l’eau se dissipent », indique Johan Rockström.
Les limites écologiques de la planète5
4. L’instabilité des plaques tectoniques
Depuis plusieurs années, l’activité sismique s’accélère. Aux premiers mois de 2019, on a enregistré la moyenne élevée de 193 tremblements de terre par jour dans le monde de plus de 1,5 de magnitude. En juillet 2019, cette moyenne monta à 677 tremblements de terre par jour (dont 121 d’au moins 4,5 de magnitude). Un tremblement de terre de magnitude 7 correspond à l’énergie de 45 bombes nucléaires.4Selon l’organisme gouvernemental, United States Geological Survey, il y a actuellement une moyenne de 2750 tremblements de terre par jour dans le monde.
L’augmentation de l’activité sismique serait causée par l’instabilité croissante des plaques tectoniques. Un mètre cube de glace pèse près d’une tonne. Certains glaciers ont plus d’un kilomètre d’épaisseur. Quand ce poids est enlevé par la fonte des glaciers, la roche en-dessous est décompressée. « Le poids de ces masses de glace met beaucoup de pression sur la terre. Le poids supprime quelque peu les tremblements de terre mais quand la glace fond, il les libère » indique Patrick Wu.
Le réchauffement climatique augmente aussi la fréquence des éruptions volcaniques. « Si le poids diminue sur la croûte terrestre, la pression qui ferme les conduits volcaniques diminue aussi. Il se produit des fissures, et c’est comme cela que le magma monte à la surface », note Alan Glazner.
Sources de l’article
- Frédéric Lewino, « Climat : le scénario de l’accélération », Le Pointn° 2016, 22 septembre 2022.
- Claire Manière, « Changement climatique : des scientifiques alertent sur le risque d’extinction de l’humanité dangereusement sous-exploré », Planète et Environnement, 3 août 2022.
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- Jean-Luc Chandler, La nuit de la fête, Martinique : CaraïbEdiprint, 2011.
- Yves Cochet, Devant l’effondrement, France : Editions Les Liens qui Libèrent, 2019.
- William Nordhaus, Le casino climatique, Pays-Bas : De Boeck Supérieur, 2019.
- Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Paris : Editions du Seuil, 2015.
- Rapport du GIEC 2022.
- Magazine Science et Vie, Novembre 2019, n° 1226 ; Mars 2020, n°1230.
- Magazine Hors série L’Obs, Juin 2022, n° 111.
- Michael Snyder, « The number of Global Eartquakes is 3 Times above normal », The Economic Collapse Blog.
- Steffen, Rocktröm et Costanza, « How defining planetary boundaries can transform our approach to growth », Solutions, mai 2011.
Jean-Luc Chandler