SAUVÉS PAR UN POISSON

Spiritualité 1 avril 2022

Aux premiers siècles de notre ère, le symbole du poisson sauva la vie de nombreux chrétiens.

Et ce n’est pas un poisson d’avril.

 

Aux premiers siècles de notre ère, les symboles chrétiens les plus courants furent, davantage que la croix, le poisson et la colombe. Les premiers chrétiens utilisèrent notamment le poisson comme un symbole d’identification. Du mot grec ichthus (poisson), ils formèrent un acrostiche, « Iesous Christos Theou Uios Soter », qui signifie « Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur ».

La Bible parle souvent de la mer, de la pêche et du poisson. Jonas fut avalé par un grand poisson. Jésus réalisa deux pêches miraculeuses et nourrit deux foules avec du poisson. Il appela ses disciples des « pêcheurs d’hommes » (Marc 1:17). Son disciple, Pierre, trouva une pièce de monnaie dans la bouche d’un poisson.

Cependant l’utilisation du symbole du poisson s’explique réellement par la volonté des chrétiens d’échapper aux affres de la persécution.

Les empereurs romains étaient souvent adorés comme des dieux. Confesser que « Jésus est Seigneur » entrait en conflit avec le mot d’ordre, « César est seigneur ». De plus, les juifs croyaient que les chrétiens adoraient un faux dieu. Les dirigeants juifs cherchèrent à éliminer la nouvelle religion qu’ils jugeaient blasphématrice. Pour toutes ces raisons, les chrétiens tentèrent de se cacher pour échapper aux persécutions contre la pratique de leur foi.

Par le symbole du poisson, les chrétiens développèrent une communication silencieuse pour se reconnaître sans être reconnus par les autorités elles-mêmes. Quand un chrétien rencontrait une personne inconnue, il dessinait en forme d’arc sur le sol la moitié d’un poisson. Si cette personne était croyante, elle dessinait l’autre moitié du poisson, révélant ainsi qu’elle était chrétienne. Si rien ne se passait, le chrétien gardait secrète son identité.

Le symbole du poisson était placé sur le mur d’un lieu de rencontre ou d’une catacombe afin qu’un chrétien sache où des croyants se réunissaient en secret. Ce signe attira peu la suspicion car avant le christianisme des religions païennes utilisèrent ce symbole. Dans de nombreuses cultures il fut associé au culte de la fertilité et dans l’astrologie à la constellation du poisson.

Dans la mythologie, le poisson était le fils d’Atargatis, la déesse syrienne de la mer, connue dans d’autres religions comme Tirgata, Aphrodite, Delphine ou Pélagie (un surnom de Vénus). Dans certaines langues, le mot « poisson » signifiait aussi « utérus » ou « dauphin ». Il représenta parfois des sirènes. La déesse d’Éphèse avait une amulette en forme de poisson, disposé à la verticale, qui couvrait ses parties génitales. Par contraste, le symbole chrétien était dessiné à l’horizontale.

Au IV e siècle, durant le règne de l’empereur Constantin, le christianisme devint une religion officielle. Avec la fin de la persécution, le symbole chrétien du poisson disparut à ce moment là et son secret fut alors révélé au grand jour. Sa disparition des sites archéologiques à l’époque prouve que les premiers chrétiens n’y accordaient aucune importance théologique particulière.

 

Fidèle à Jésus-Christ

L’histoire du symbole du poisson soulève une question pour les chrétiens persécutés. Doivent-ils se cacher pour échapper à la persécution ?

Jésus ne semble pas avoir exigé d’exposer nécessairement sa vie à la vindicte populaire. « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre », déclara t’il à ses disciples (Matthieu 10:23). « Priez pour que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni un jour de sabbat », recommanda-t-il (Matthieu 24:20).

Les premiers chrétiens semblent avoir pris ces conseils au sérieux. Quand, après le martyre d’Étienne la persécution éclata à Jérusalem, ils se dispersèrent en Judée et en Samarie, puis à travers l’empire romain (Actes 8:1). Durant le siège de Jérusalem de trois ans et demi (66-70), ils s’enfuirent hors de la ville dès l’occasion se présenta.

Autant que possible, Dieu veut nous épargner des souffrances et préserver notre vie. Rédigé à une époque de persécution, l’Apocalypse de Jean fut écrit dans un langage truffé de symboles pour assurer la libre circulation du livre et cacher son sens réel aux autorités romaines. Dans certains pays communistes ou musulmans, suivre Jésus est au péril de sa vie. De nombreuses personnes sont des chrétiens en secret.

« Le but du chrétien n’est pas de vivre, mais d’être fidèle à Jésus-Christ, non par sa mort mais jusqu’à la mort si nécessaire », observe Vance Havner.

Quand on considère la vie de Jésus, on réalise qu’il est resté continuellement fidèle à Dieu. Il est resté ferme dans des situations difficiles. Il a obéi dans la souffrance, l’humiliation ou la solitude. Il n’a pas délibérément recherché ces situations, mais quand elles se sont présentées, il y a fait face par la puissance du Saint-Esprit, même jusqu’à la mort de la croix.

Parfois, on est ridiculisé ou persécuté à cause de Jésus. On ne cherche pas volontairement à s’y exposer, mais quand cela arrive, l’amour pour Dieu qui anima Jésus est le même amour qui nous incite à lui être fidèle.

« Détourne-toi du mal, fais le bien, et tu auras pour toujours une demeure. Car l’Éternel aime ce qui est droit, et il n’abandonne pas ses fidèles : ils sont toujours sous sa garde, tandis que la descendance des méchants est exterminée. » Psaumes 37:27-28

 

 

Auteur : Jean-Luc Chandler