QUOI APRÈS LE COVID ?

Santé 18 novembre 2021

Le Covid-19 est la première pandémie du XXIe siècle. Nous devons nous préparer aux autres qui suivront

 

« Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. » (Matthieu 24:6). Nous étions prévenus ! Malgré les avertissements bibliques des épidémies du temps de la fin et de d’autres calamités, notre fragilité planétaire inhérente a été exposée par les démêlés des nations les plus riches et technologiquement avancées par un agent invisible infectieux. Le Covid-19, la première pandémie du XXIe siècle, a révélé les niveaux mondiaux de vulnérabilité multiple.

 

Pris par surprise ?

Nonobstant l’alarme sonnée par les scientifiques et les prophètes, peu d’entre nous étaient prêts pour la catastrophe globale de 2020. Parce que Dieu nous aime, il nous donna des avertissements – une information à l’avance à partager au monde en perdition – afin que nous puissions tous éviter des souffrances et des détresses inutiles en se préparant au retour de Jésus.

Aujourd’hui, les nouvelles sont bonnes et mauvaises à la fois. Les mauvaises nouvelles : les maladies seront plus fréquentes et meurtrières. Des pandémies et des catastrophes vont arriver. Les bonnes nouvelles : nous n’avons pas à avoir peur. Dieu nous a donné un « plan d’évasion » à présenter au monde.

Un nombre impressionnant de personnes contaminées et souffrantes par la suite des séquelles de la maladie, et la montée continuelle de décès continuèrent à nous affliger en 2021. Les gouvernements, les ONG, la communauté scientifique, médicale et de santé publique, les industries de toutes sortes, ont dû faire face à ce virus et aux réponses à y apporter. Les mouvements religieux n’ont pas été épargnés par la détresse, l’incertitude et les restrictions. Les réponses ont été lentes, hésitantes, inappropriées (parfois trop laxistes ou sévères), nationalistes, voire politisées. Entre les nations, les messages furent parfois confus et la coordination inadéquate pour obtenir une collaboration efficace dans les processus de décision mondiaux, régionaux et locaux. L’interconnexion des pays dans le commerce, le transport et la communication créa un environnement fertile pour une catastrophe globale.

Nous sommes tous impliqués. Ce qui affecta le monde impacta inévitablement l’Église. Les adventistes du septième jour sont dans le monde : ils dépendent des commodités de la société et de l’organisation de la vie moderne. Cependant, tout en disposant des moyens qui sont à notre disposition pour propager la Bonne Nouvelle jusqu’aux confins de la Terre, nous ne sommes pas du monde.

 

Être prêt aux changements perturbateurs

Des foules non préparées ont souffert pour grappiller des produits de première nécessité (vous souvenez-vous de la pénurie de papier toilette ?). À travers le monde, de nombreuses personnes n’avaient pas de matelas financier pour atténuer les effets soudains de la crise économique. Certains souhaitèrent avoir un plus grand garde-manger. Le mot « perte » devint un dénominateur commun pour le travail, les revenus, les contacts, la fraternité, la santé (mentale notamment), la stabilité, l’information fiable, le filet de sécurité, en juste quelques jours. Tout cela parce que, malgré les avertissements, on ne s’était pas préparé à chaque niveau de la société. Pour aggraver les choses, il y a eu un déluge d’information, de mésinformation regrettable et de désinformation inexcusable, facilité par l’interconnexion mondiale des réseaux sociaux.

Pour avoir une résilience sociale au Covid-19, il aurait fallu avoir une meilleure surveillance des catastrophes mondiales et des premiers signes d’alerte, améliorer le système de réaction de la santé publique, des agences gouvernementales et associatives, améliorer les systèmes d’urgence de soins sanitaires et de filets de sécurité, structurellement et fonctionnellement, avec une coordination entre tous les services, et une meilleure éducation et information publique dans la préparation individuelle, familiale et du voisinage.

Bien que les églises ne sont pas habituellement impliquées dans tous les facteurs de résilience mentionnés ici, la préparation des individus, des familles et des voisinages sont des fonctions légitimes des communautés religieuses qui présentent les avertissements des auteurs bibliques, comprennent les temps dans lesquels nous vivons et partagent la mission des premiers disciples de Jésus. Covid-19 ne nous aurait pas pris alors par surprise.

 

Faire une différence face aux changements perturbateurs

Au XIXe siècle, le gouvernement américain tenta de réduire les risques sanitaires en incitant les individus et les familles à émigrer à travers le pays, vers l’ouest des Etats-Unis, et en créant des lycées et des universités. Des partenariats avec le ministère de l’agriculture fournirent au public une formation pour le préparer à la survie et aux risques de la vie à la campagne. À cette époque là, l’Église adventiste naissante bénéficia des conseils sanitaires d’Ellen White. La recherche historique montre une synergie remarquable entre la promotion adventiste de la santé et le cursus scolaire pour former les citoyens à l’agriculture, au fermage et aux stratégies de résilience physique et économique en milieu rural.

Plus tard, durant la pandémie de la grippe espagnole en 1918, les adventistes du septième jour synchronisèrent la réforme sanitaire avec l’éducation publique en formant à la préparation culinaire et à la préservation des aliments, en aidant à gérer le stress et la fatigue, en enseignant les soins de base et les traitements à domicile des malades. Les adventistes étaient bien-sûr guidés par une mine d’informations sur la santé et les pratiques du bien-être, incluant la confiance et la dépendance en un Dieu aimant et compatissant qui désire la vie, et non la destruction de ses enfants.

Le rapport annuel de la coopérative de la ville de Raleigh en Caroline du nord explique que ce fut par l’organisation de clubs locaux que sa communauté surmonta la grippe espagnole, avec un minimum de perte humaine. Le rapport commenta sur le besoin d’aider les malades, de servir la soupe populaire, d’apporter la connaissance scientifique et de former sur les soins sanitaires et d’infirmerie à la maison. Il déclara spécifiquement : « Probablement que les femmes rendirent un grand service à l’État durant la grande épidémie de la grippe espagnole, mieux que par n’importe quel autre moyen. »1

Similairement, les articles et les rapports écrits sur l’œuvre sanitaire adventiste montre que l’Église ne resta pas inactive. Dans un article intitulé, « quoi après la grippe espagnole ? », le secrétaire du département médical de la Conférence générale écrivit : « Depuis des années, nous savons des enseignements de la Bible et de l’Esprit de prophétie que de tels temps arriveraient. Il nous a été dit à maintes reprises de se préparer à ces expériences par une bonne organisation et une préparation à servir les malades et les découragés en de telles circonstances. Les dirigeants et les membres ont été encouragés à être des missionnaires médicaux. Il nous a été dit que chaque foyer adventiste doit être un petit sanatorium, que l’élément médical de notre œuvre serait l’un des derniers à s’arrêter. »2

 

Ce conseil donné en 1918 est aussi applicable, et même davantage en 2021. Considérez l’observation de Dr. Ruble : « Certaines personnes drapées dans leur sainteté, qui ont échappées à la maladie, peuvent voir en cette affection un présage du temps de détresse dans les derniers jours, et considérer leur immunité comme une évidence de leur propre justice, et attribuer le malheur de leur frère à un manque de fidélité… En voyant son frère, il dira : « si tu t’alimentais comme je le fais, tu aurais pu être sauvé de ces fléaux. » Est-ce la leçon que nous devons tirer de cette calamité ?… De cette expérience, la grande leçon que nous devons apprendre est de nous préparer à des fléaux pires que celui-ci, car la prophétie ne saurait mentir. »3

Les parallèles sont évidents dans notre contexte du Covid-19. Certaines problématiques changent, mais les sentiments demeurent les mêmes. Adam et Ève nous ont transmis l’égoïsme et l’orgueil, mais par la grâce de Dieu, nous ne sommes pas condamnés à tous périr dans l’étang de feu et de souffre. Dr. Ruble continua : « Durant cette épidémie, s’il est préparé pour cela, chaque adventiste du septième jour a dix fois plus d’opportunités de servir qu’en temps ordinaire… Les barrières professionnelles et sociales tombent. Ce qu’une personne malade, ou sa famille, désirent, c’est quelqu’un qui fera quelque chose pour eux. C’est important ! Que l’aidant soit blanc ou noir, croyant ou athée, riche ou pauvre. »4

Beaucoup de travail doit être réalisé en préparation des derniers temps, mais le temps est court – nous en ignorons la durée. Les épidémies continueront à faire partie de l’expérience humaine. Comme nous l’avons observé, les contagions et d’autres crises sont inévitables. Cependant, en anticipant chaque crise, en s’y préparant, en ayant des plans bien conçus, nous pouvons réduire leur impact et dévastation, et saisir l’opportunité d’éveiller le public à la vérité prophétique. Nous devons nous former sur les soins de base : physiques, mentaux, sociaux et spirituels. Nous devons former la famille et la congrégation sur la préparation à la crise, les premiers soins et les premiers gestes en cas de désastre.

De nombreux individus ont été affectés négativement par la pandémie, indépendamment de leur ancien bien-être mental. Le manque de soutien social et de flexibilité psychologique ont été deux des facteurs les plus importants du déclin de la santé mentale. L’Église peut aider. Nous avons toujours l’opportunité d’apprendre à cultiver, conserver et préparer des aliments sains, développer des stratégies efficaces d’économies, de budgétisation et de financement. Chaque église locale doit s’engager dans l’œuvre sanitaire et l’aide humanitaire dans sa communauté, en collaborant avec les ministères de l’enfance, de la jeunesse, de la famille et de la bienfaisance, en fournissant des trousses de survie, des masques, des gels hydroalcooliques, une aide émotionnelle-spirituelle, les premiers soins à la maison. Le confinement à la maison, les plantes médicinales et d’autres orientations de base sont toutes utiles. Les clubs et les sociétés de jeunesse doivent être en première ligne pour apporter de l’aide.

Dans la famille, l’église et la communauté, nous devons éduquer, instruire, informer, même si nous sommes en perpétuel apprentissage. La préparation implique une anticipation de la crise, des actions intentionnelles et une attitude proactive. Quand le désastre frappe, nous devenons les victimes ou les bénéficiaires de notre préparation. Dans une crise, les instincts anti-sociaux ou de préservation égoïste montrent parfois leurs têtes hideuses, conduisant à l’émeute, au pillage et même à la violence. La pénurie, la panne ou l’endommagement des chaînes de production, de l’offre et de la demande peuvent provoquer des envolées des prix. Cela ne devrait pas nous surprendre : nous l’avons observé et été avertis.

 

Être prêts pour les prochains changements perturbateurs

Dans la communauté adventiste, il n’y a pas de place pour le conflit et l’égoïsme. Nous ne devons pas salir notre identité et handicaper notre mission par des hostilités dans l’Église. Au contraire, nous devons prier et confesser nos fautes, soumettre notre volonté au Christ et le laisser agir. Le sujet n’est jamais de savoir si Dieu est de notre côté, mais de savoir si nous sommes du sien. Des épreuves plus grandes sont à venir.

Nous avons un message d’avertissement, mais aussi d’espérance et de paix. Nous pouvons nous préparer sans panique, être fidèle sans frayeur, faire notre introspection (2 Corinthiens 13:5), laisser le Saint-Esprit exposer des attitudes, nous purger de notre égoïsme et orgueil et implanter en nous la douceur, l’humilité et l’amour pour les autres. Nous devons prier et agir pour promouvoir la guérison et la bienveillance autour de nous. Ne sommes-nous pas le gardien de notre frère ?

En entendant sa voix, n’endurcissez pas votre cœur (Hébreux 3:15) pour ne pas être disqualifié de porter un beau message à l’humanité dans ce monde d’incertitude et de désespoir. Soit nous nous unissons, ou nous nous dispersons. L’optimisme de Paul est la meilleure option : « Nous sommes pressés de toutes parts, mais non écrasés ; inquiets, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non anéantis » (2 Corinthiens 4:8-9). Alors la guérison divine deviendra la nôtre, physiquement, mentalement, socialement et spirituellement. Son amour et sa compassion se déverseront, de nous à un monde mourant.

 

 

Auteur : Charles-Marcel Zeno

Directeur adjoint des ministères de la santé                                                  

Conférence générale de l’Église adventiste du septième jour

 

Sources : 

  1. Cooperative Extension Service, Annual Report, Centre de recherches, Bibliothèque de l’université de la Caroline du nord.
  2. A. Ruble, « After Influenza, What ? », AdventReview and Sabbath Herald, 31 octobre 1918.
  3. Idem
  4. Idem