LES CHRÉTIENS DEVRAIENT-ILS ÊTRE DALTONIENS ?

Spiritualité 4 mars 2022

Quand nous disons ne pas voir l’origine de quelqu’un, ni sa

couleur de peau, disons-nous la vérité ?

 

 

 

Il est tentant d’imaginer que l’Église adventiste du septième jour – un mouvement mondial présent dans plus de 200 nations du monde – existe dans une époque post-raciste, et que ses membres ne jugent plus les autres selon l’origine ethnique et la couleur de peau, ni n’attachent d’importance à celles-ci.

 

Mais nous en savons tous qu’il en est autrement, alors que beaucoup d’entre nous sont fiers d’embrasser frères et sœurs de toutes origines et ethnies, d’autres luttent avec des points de vue douloureux et faussés qu’ils ont hérité ou appris de leurs familles ou cultures.

 

Les croyants devraient-ils, en fait, être « daltoniens » ? Nous avons parlé avec des adventistes de différentes origines pour entendre leurs points de vue sur ce daltonisme que beaucoup imaginent être le but de la réconciliation raciale .

 

 

 Anissa Perez

La beauté des couleurs

En grandissant, j’ai toujours entendu l’expression, « je suis aveugle à la couleur de peau, je vois seulement ce qu’il y a à l’intérieur, » et je dois l’avoir moi-même utilisée une fois ou deux. Et cela, jusqu’à la décennie passée ou presque. Il est important de reconnaître la couleur de peau et les autres différences en chacun, d’honorer et de respecter cela du fond du cœur. Dieu nous a tous créés avec une beauté différente et nous devrions nous réjouir de nos différences et apprendre l’un de l’autre.

 

Nous avons tous quelque chose à apprendre de notre prochain. Aucun d’entre nous ne sait tout. Nous ne savons pas à quoi cela ressemble de marcher dans les chaussures d’un autre. Nous pouvons le penser mais chaque comportement est unique. C’est pourquoi il est important de communier avec des personnes qui ne nous ressemblent pas, ne mangent pas, ne s’habillent pas ou ne parlent pas comme nous. Les cieux ressembleront aux Nations Unies, et quel beau spectacle ce sera. Il est de notre devoir, alors que nous sommes sur terre de nous « voir » réellement, de nous célébrer et de nous honorer les uns les autres.

 

Anissa Perez fait partie d’une troisième génération d’adventistes et d’une seconde génération de latino-américains. Elle se passionne pour l’immigration et s’assure que les autres comprennent les dangers du racisme tout autant que la beauté de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. Elle est l’avocate du « moindre de ceux-ci ».

 

 

Raj Attiken

Valoriser les différences

Être aveugle à la couleur de peau est un système de fonctionnement simpliste par rapport aux réalités complexes de la vie contemporaine. Cela trahit souvent notre incapacité à voir l’image de Dieu en ceux qui ne sont pas à notre image—dont la couleur, la culture et l’origine ethnique sont différentes des nôtres.

 

Cela révèle la croyance que si les gens ne remarquent pas la couleur, la couleur n’a plus d’importance. Prétendre ne pas voir la couleur est aussi une manière de dire, « Nous ne voyons pas votre couleur parce que notre ethnie ou notre culture est au centre de l’univers. » Là où elle existe dans l’Église la cécité à la couleur de peau est un obstacle à une reconnaissance honnête que les différences nationales et ethniques sont réelles et qu’elles importent. C’est aussi un obstacle à la réception de la sagesse, des traditions, des points de vues et des connaissances venant de personnes qui sont nos contraires mais qui peuvent élargir notre monde.

 

Par conséquent, l’Église adventiste ne devrait pas être aveugle à la couleur de peau mais plutôt reconnaître et valoriser l’expérience vécue par toutes les personnes de toutes les couleurs. Nous sommes tous formatés par nos expériences nationales, culturelles et communautaires – expériences de privilège et de discrimination, d’équité et de disparité, d’avantage et de désavantage, d’opportunités et de limitations, de liberté et d’assujettissement, de droit et de marginalisation. Même au sein d’un groupe ethnique, démographique ou culturel particulier, les individus sont uniques et font l’expérience de réalités relationnelles, économiques, sociales particulières. La cécité à la couleur de peau est une idéologie qui est plus un obstacle qu’un atout dans la facilitation des politiques relationnelles constructives et équitables.

 

Raj Attiken, docteur en théologie pastorale, est professeur adjoint de religion à Kettering College, l’université adventiste des sciences de la santé en Ohio, et orateur sur les sujets de la foi, la spiritualité et le leadership. C’est un pasteur consacré qui a servi l’Église adventiste du septième jour pendant 42 ans comme pasteur, directeur de département, secrétaire de fédération, dont 16 ans comme président de la fédération de l’Ohio. Il est né et a grandi au Sri Lanka.

 

 

Meshach Soli

L’image de Dieu en chaque ethnie

L’église devrait-elle être daltonienne ? Absolument pas ! Quand une église est aveugle à la couleur de peau, elle devient aveugle à l’image de Dieu affichée. Elle néglige de mettre en lumière le caractère unique et la beauté en chaque personne, en chaque peuple, et en chaque culture. Nos croyances fondamentales n° 13, « le reste et sa mission » et n° 14 « l’unité dans le corps de Christ, » mettent l’emphase sur le fait que chaque croyant est invité à avoir une part personnelle dans ce témoignage à l’échelle mondiale.

 

« Puis je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple. » (Apocalypse 14:6)

 

Nos croyances fondamentales déclarent aussi : « En Christ nous sommes une nouvelle création ; les distinctions de race, de culture, d’apprentissage et de nationalité et les différences entre grands et petits, riches et pauvres, homme et femme, ne doivent pas être des facteurs de division entre nous. Nous sommes tous égaux en Christ, qui par un seul Esprit nous a liés en une seule communauté avec Lui et les uns aux autres ; nous devons servir et être servis sans partialité ni réserve. »

 

Être aveugle à la couleur de peau dans l’Église adventiste enlève la puissance unificatrice de l’Évangile éternel. C’est compromettre notre mission d’atteindre chaque nation, tribu, langue et peuple avec efficacité.

 

Une des raisons qui fait que certains chrétiens adoptent la cécité à la couleur de peau est la croyance que l’unité signifie la similarité. La colonisation, venue des missionnaires qui ont apporté l’Evangile dans les îles du Pacifique, a négligé le fait que le christianisme convient de manière unique à toutes les cultures. Le but n’était pas de faire que tous les insulaires ressemblent et s’habillent comme les européens mais qu’ils reçoivent l’évangile de Jésus-Christ. La base de l’unité ne se trouve pas dans la similarité mais en Christ.

 

La beauté de l’évangile est de mettre ensemble différentes ethnies et cultures pour refléter l’image de Dieu dans toute sa gloire. Être aveugle à la couleur de peau, c’est être aveugle à l’image de Dieu comme elle est révélée distinctement et de manière unique dans chaque culture et groupe ethnique.

 

Meshach Soli est pasteur de l’église adventiste de South Bay à San Diego, Californie. Il exerce le ministère pastoral depuis près de 15 ans, avec un accent particulier sur les ministères des jeunes. Pasteur Soli voyage beaucoup, prêchant et enseignant ce que veut dire avoir une authentique relation avec Jésus. Originaire des îles du Pacifique, ses racines ethniques sont des Samoa. C’est aussi un conférencier de Growing Youth (faire croître la jeunesse) et un président du ministère des Deux Pourcent, un programme évangélique et de discipulat des îles du Pacifique.

 

 

Robert Burnette

Célébrons la diversité

Tout au début de ma Bible se trouve l’histoire de la Création, dans laquelle Dieu créa un jardin. Dans ce jardin, il y avait une variété de fleurs de couleurs et de senteurs différentes, et chaque fleur avait un ensemble de caractéristiques qui la mettait à part. Dans les jardins, ces fleurs apportent la beauté, un sentiment de calme, de bonheur, et parfois d’émerveillement. Leur beauté collective est incroyable et leurs senteurs célestes. Tout à la fin de la Bible, l’apôtre Jean voit une grande foule de peuples à la fin des temps qu’il rapporte être de toute tribu, langue et peuple. Tous portent des robes blanches et tiennent des palmes à la amin. Tous sont vêtus pareillement et portent la même couleur représentant la pureté, mais ils sont eux-mêmes de couleur, d’ethnie et de diversité différentes.

 

Comment puis-je refuser de voir ces choses dans la Parole de Dieu ? Comment puis-je permettre à la culture du jour de détourner les yeux pour ne pas voir la beauté et la merveille que Dieu, mon souverain a créé. Comment puis-je ignorer le fait qu’au ciel chaque couleur, chaque nation, chaque langue, chaque senteur et chaque peuple vivra, aimera et prospérera en harmonie ?

 

J’ai eu une fois le privilège de travailler avec le bureau du maire de Baltimore sur un projet pour le centre-ville. À un moment donné, une semi-remorque décorée par une station de radio locale pour ressembler à une radiocassette fut conduite au centre des projets, et de la musique ethnique fut jouée pour attirer les gens à sortir pour écouter le maire.

 

Alors que la musique se déplaçait dans la communauté, je regardai au loin et je vis une chose des plus merveilleuses. Sans que personne ne les dirige, les gens formèrent un vaste cercle, exécutant ce que j’ai appris plus tard être la danse africaine des bottes. C’était comme regarder une fleur éclore en accéléré. Le chant et la musique m’allèrent droit au cœur. J’ai vu la même réaction chez ceux qui n’ont pas le même patrimoine amérindien que moi quand ils nous voient exécuter la danse de bienvenue, ou chanter notre gratitude à notre Créateur pour la lune, les étoiles et tout ce qu’il a fait.

 

Prions que nous célébrions toujours nos frères et sœurs de toutes races et apprécions les merveilles chez les uns et les autres alors que nous approchons de la maison. Mes amis les plus chers sont d’une grande variété ethnique et je ne  manquerai de respect ni à eux ni à mon Sauveur en n’aimant pas chaque bonne chose venant d’eux, leurs personnalités distinctes, leurs cultures, leur origine ethnique et leur couleur.

 

Robert Burnette est un membre de la nation Onondaga. Il a servi l’Église adventiste comme président des affaires de l’université adventiste de Washington, vice-président du Home Study International de l’Université Griggs et directeur du ministère des autochtones de la Division nord-américaine. Il est actuellement adjoint du président de la Fédération de l’Oklahoma et éditeur exécutif de Indien Américain et de l’Alaska Native Living Media.

 

 

Myra Gallego Tongpo

Apprécions les différences

Mon mari et moi parlions de la manière dont l’Église adventiste diffère de nombre d’églises chrétiennes majoritaires quant à l’idée d’être aveugle à la couleur de peau parce que nous avons toujours été une église mondiale. Dans le passé, nous nous sommes faits les champions des problèmes sociaux et nous mettons l’accent sur la prédication du message en tant qu’Église mondiale. Moi et l’aîné de mes enfants avons le sentiment que le terme « aveugle à la couleur de peau » ne fait pas honneur à la personne. Nous préférons le terme « sensible à la couleur ». Je sens que si nous étudions les différentes cultures et ethnies du monde nous aurons une vision plus complète du Créateur. Ceci nous conduirait à apprécier nos différences.

 

Myra Gallego Tongpo est mariée et a trois enfants. Née aux Philippines, elle a grandi au Rwanda et au Ghana comme enfant de missionnaires. Elle est infirmière en soins intensifs à l’hôpital pour enfants de Loma Linda.

 

 

Clayton Koh

Tous des enfants de Dieu

La cécité à la couleur de peau est un concept que certaines personnes suggèrent être la manière dont l’église devrait être – traiter les gens comme des enfants de Dieu sans égard pour la couleur de leur peau. Bien que cela soit important de traiter les gens avec amour et respect quelle que soit leur apparence, il est aussi très important de remarquer et de célébrer les différences que chaque race et culture apporte à l’église et au monde. Nos différences ne devraient pas nous diviser mais enrichir notre expérience en tant qu’église.

 

Clayton Koh est le pasteur de l’Église adventiste du septième jour de Kettering dans l’Ohio. Il est né en Malaisie de parents asiatique et américain et doté d’un patrimoine culturel chinois et indien. Il est marié à Lindsay Koh et ils ont deux enfants, le troisième est en route.

 

Tiré de https://adventistreview.org/feature/should-christians-be-color-blind/

Traduction Patrick Griffith