LE SUCRE, UN DOUX ENNEMI

Santé 2 février 2022

Consommez moins de sucre, vous vous sentirez beaucoup mieux.

 

Depuis quelques années tous les protagonistes du sanitaire s’accordent à dire que la consommation de sucre ne cesse de s’accroitre en tandem avec l’obésité et le diabète. Cet état de fait demeure très préoccupant pour la Martinique. Considérant l’ampleur du phénomène, moult investigations ont été entreprises pour tenter de l’endiguer. Et pourtant, rien n’y fait. S’il fallait recenser le taux de personnes n’affectionnant pas la saveur sucrée dans la population martiniquaise, nous serions pétrifiés à l’ouïe des résultats. Aujourd’hui, qui n’a pas au moins un diabétique au sein de sa famille ? Ou qui peut dire : cela ne me concerne pas ? Alors, devrions-nous nous résigner à notre glucomètre, notre injection d’insuline et nos consultations périodiques chez les praticiens ?

Certainement pas. Nous pouvons faire régresser cette épidémie sournoise qui ronge notre population en sourdine.

 

Mais, pourquoi aimons-nous tant le sucre ?

Dans la configuration des zones des différentes saveurs au niveau de la langue, la zone du sucré se situe en avant (voir figure 1) ce qui incite déjà le bébé à la naissance, à préférer le goût sucré qui lui apporte un plaisir certain. Ainsi, tout au long de sa vie, ce plaisir sera recherché chaque fois qu’il en aura le besoin et aussi le désir.

 

 

Figure 1

C’est cette dimension humaine que les industriels ont exploitée à outrance. Ils nous offrent du plaisir partout et en tout.

Nous baignons dans des sucres visibles et invisibles. Nous mangeons, buvons, respirons du sucre à longueur de journée. Vivre sans sucre nous semble même impossible, car nous sommes de plus en plus stressés, donc de plus en plus en recherche de compensation que seul le sucre peut nous offrir. Il est à portée de main, à moindre coût et apaisant en un temps record. Il est notre fidèle compagnon. Il est portable, polymorphe, buvable, mangeable…il se cache partout et nous hante. Bien qu’il nous soit inconnu ou mal connu, tenter de nous en défaire dans notre alimentation serait nous amputer d’un allié indissociable. Il nous fait tellement de bien que nous ne nous soucions pas de le mieux connaitre.

A-t-on déjà lu sur un paquet de sucreries ou sur un soda la dose journalière à ne pas dépasser ? En a-t-on noté les effets indésirables et les contre-indications liés à la consommation de sucre ? Certainement pas ! Selon les statistiques, les français consomment environ 25 à 35 kg de sucre par personne et par an. Soit environ 70 grammes par jour et par personne. Pour les martiniquais ce taux est encore plus élevé. Ça urge ! Réagissons ! Cette situation interpelle chacun. Essayons de le détrôner ensemble.

 

 

Pour ce faire, sachons que dans l’acte de manger se combine une grande diversité de satisfactions et de plaisirs attachés à une multitude d’alchimies qui sous-tendent notre pulsion de vie et de bonheur. Et pourtant, notre vie peut être plus douce avec une moindre consommation de sucre.

 

Conséquences liées à la consommation de sucre 

 

  1. Prise de poids

Le matin, le métabolisme du sucre est meilleur, mais nous consommons généralement du sucre toute la journée : boissons, sucreries, des collations… Ce faisant, notre corps a besoin de poussées soudaines d’insuline dont l’excès favorise la synthèse des graisses. C’est ainsi que manger du sucre peut entraîner une prise de poids.

 

  1. Obésité

Consommer trop de sucre active la sensation de faim et diminue la satiété. En conséquence, s’installe rapidement une incapacité de se contrôler qui conduira à un surpoids puis à l’obésité. Le sucre ne répond pas à la faim, il fixe les radicaux libres aux cellules coupe-faim, de sorte que l’on a  la sensation, le besoin de consommer de plus en plus de sucre.

Lorsque l’estomac est vide, il déclenche la ghréline, l’hormone de la faim, qui lance un signal au cerveau. Notre corps, à ce moment, réclame davantage de sucre et de graisse, c’est ainsi que l’on s’enferme dans un cercle vicieux en obtenant et stockant beaucoup plus que sont nos besoins.

 

  1. Diabète

En 2021, le diabète affecte plus de 537 millions de personnes dans le monde (soit 1 personne sur 10), dont 61 millions en Europe.1 Les scientifiques annoncent 643 millions de patients diabétiques pour 2030 et 784 millions pour 2045.2

Une consommation de sucre à long terme est associée à un risque accru de développer un diabète de type 2. Un diabétique qui continue à consommer trop de sucre va accélérer les complications diabétiques (les reins et les vaisseaux sanguins).

 

  1. Cœur

Le sucre est un agent inflammatoire nocif pour le cœur. Manger trop de sucre favorise l’inflammation à l’intérieur des artères. Une alimentation riche en graisses et en sucres altère la capacité des vaisseaux sanguins à se dilater et entraîne des maladies cardiovasculaires. Lorsque nous consommons du sucre, les plaquettes ont tendance à s’agglutiner. De sorte que la consommation de sucre augmente le risque de caillots indésirables. De plus, elle entraîne l’agglutination des globules rouges, le flux sanguin étant diminué dans les vaisseaux sanguins.

 

  1. Système immunitaire

Le sucre peut affecter le système immunitaire pendant les cinq heures environ qui suivent son ingestion. La consommation de sucre réduit la capacité à détruire les bactéries. En d’autres termes, plus nous mangeons de sucre, plus nous sommes vulnérables aux bactéries.

 

  1. Dépression

Une alimentation riche en glucides raffinés, en sucres ajoutés et en céréales raffinées peut entraîner un risque accru de dépression.

 

  1. Cerveau

Le sucre est composé de substances qui affectent nos capacités cérébrales et altèrent diverses fonctions de la mémoire. Comme : la résolution de problèmes, l’apprentissage, l’adaptation à des situations changeantes… Les aliments à index glycémique élevé peuvent : altérer les performances de la mémoire, perturber la prise de décision, augmenter le risque de maladies mentales et inflammatoires au niveau du cerveau. L’excès de sucre pourrait également augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer.

 

Conseils :

  • Les sucres ajoutés ne doivent pas excéder 100 calories par jour pour les femmes et à 150 calories par jour pour les hommes.
  • Préférez le miel noir au sucre, car il contient des antioxydants.
  • La quantité de sucre par jour ne doit pas dépasser 5 cuillerées à café.
  • Évitez les sucres raffinés : sucreries, jus… Si vous ne pouvez pas, limitez-vous à une ou deux consommations par jour.
  • Ne pas consommer de sucre à jeun.
  • Si vous mangez du sucre, mieux vaut le manger le matin avec des protéines végétales entières.
  • Avant tout, manger doit être un plaisir.

Un examen médical mensuel, de l’exercice physique journalier, un mode de vie sain, un environnement sain et agréable, des relations saines…

 

Alternatives au sucre

La stévia améliore la glycémie et aide à combattre l’inflammation. À ne pas combiner avec un édulcorant artificiel. Les édulcorants artificiels détruisent les bonnes bactéries du côlon. La stévia est extrêmement sucrée. Une cuillerée à café de stéviosides est aussi sucrée que 3 tasses de sucre, mais ne contient que 8 calories (à utiliser avec précaution).

 

 

Le miel : antioxydant, antiviral, anti-inflammatoire, antibactérien, il protège la muqueuse gastrique. La Bible nous encourage :  « Mon fils, mange du miel, car il est bon ; un rayon de miel sera doux à ton palais » (Proverbes 24 :13).

« Le sucre n’est pas bon pour l’estomac. Il provoque une fermentation qui obnubile le cerveau et rend l’humeur acariâtre  » (Ellen G. White, Conseil sur la nutrition et les aliments, p.389). « On emploie généralement trop de sucre dans l’alimentation. Les gâteaux, les pâtisseries, les gelées, les confitures sont des causes fréquentes d’indigestion. Les crèmes composées d’œufs, de lait et de sucre sont particulièrement nuisibles. Tout ce qui ralentit le fonctionnement des organes affecte directement le cerveau. »

(Ellen G. White, Témoignages pour l’Église, 1870, p. 214)

 

Notre alimentation ancestrale et la pharmacopée caribéenne peuvent aussi nous être d’un bien inestimable.

 

Conclusion

Avec 24 000 diabétiques en Martinique en 2017,3 la maladie progresse non seulement en Martinique, mais dans le monde (voir figure 2). C’est une maladie sourde à multiples facettes pour laquelle prévenir est toujours préférable que guérir.

 

Figure 2

 

Attention, notre proximité avec la maladie risque de trop nous familiariser avec ses affres, jusqu’à nous relâcher et baisser notre vigilance. Ne nous leurrons pas, ce ne sont pas seulement les autres qui sont concernés. Nous pouvons déjà être affectés et l’ignorer complètement, car elle est si insidieuse, si silencieuse qu’elle peut évoluer durant des années sans éveiller le moindre soupçon.

 

Sources :

  1. Atlas 2021 de la International Diabètes Fédération
  2. http://ceed-diabete.org/fr/le-diabete/les-chiffres/
  3. https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/24-000-diabetiques-martinique-maladie-progresse-435647.html

 

 

Flavie PALIN

Directrice du ministère de la santé

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