Partie 1 : Les infox sont un fait de société impossible à contrôler
Vous ne déroberez point, et vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. Vous ne jurerez point faussement par mon nom, car tu profanerais le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel. Lévitique 19.11-12
Internet est un outil formidable.
Une amie me disait que, grâce au développement des transports, le monde est devenu un village. Mais un village où les rues sont encore difficiles à traverser pour certains. De nombreuses familles martiniquaises peuvent en témoigner, dont les enfants sont partis étudier ou vivre à quelques milliers de kilomètres.
Alors oui, Internet est un outil formidable pour rétablir un minimum de liens vitaux pour la cohésion familiale : j’ai un souvenir ému de cette grand-mère impatiente d’ouvrir son premier ordinateur pour « tchater » avec ses petits enfants aux quatre coins du monde, ou encore des pleurs de ce père quinquagénaire qui, aux tous débuts de Skype, a pu revoir « en visio » son fils qu’il n’avait pas revu depuis plus d’un an portant ce petit-fils né depuis une semaine. Je bénis ces moments où une personne chrétienne me demande de créer un raccourci sur l’écran de son ordinateur pour voir le culte en direct sur YouTube ou encore pour pouvoir écouter telle louange qu’elle aime à réentendre.
Les infox sont des armes
Mais, car il y a un « mais », le diable a su rapidement trouver sa voie pour utiliser Internet pour amener des âmes à lui. Internet est devenu un lieu où les choses magnifiques citées en introduction côtoient les pires iniquités : pornographie, violence, arnaques….Alors, faut-il arrêter d’utiliser Internet ? Non, car ce n’est pas lui qui est le coupable. Le coupable, ou plutôt les coupables, c’est nous. C’est ce que nous faisons de cet outil qui en fait une arme dangereuse. En comparaison, allons-nous jeter notre si utile couteau de cuisine parce que nous savons que depuis des siècles il a souvent servi à des choses horribles ? Lorsque nous nous remettons complètement à Dieu, c’est lui qui décide de ce que nous faisons de notre outil. Shamgar n’a-t-il pas battu 600 philistins et été un libérateur d’Israël avec un simple aiguillon à bœuf ? (Juges 3.31). C’est Dieu, et lui seul, qui lui a permis de transformer cet instrument banal en une arme redoutable.
Les infox, appelées aussi fake news, sont une des armes utilisées par l’ennemi pour nous amener sournoisement à lui. Nous étions prévenus : Il suffit de relire Matthieu 24.23-24 , 2 Pierre 2.1 , Matthieu 7.15 ou encore 1 Jean 4.1 pour se remémorer les avertissements donnés par Dieu nous annonçant les faux docteurs et les faux prophètes et nous demandant de faire preuve de discernement.
Les complotistes ne sont pas les seuls producteurs de fake news
Si l’on recherche l’origine des infox, nous pensons immédiatement aux théories complotistes. Il est vrai que les complotistes, qui existaient bien avant le développement d’Internet, ont mis à profit ses possibilités de diffusion à très grande vitesse et très grande échelle pour propager leurs messages. Mais cela ne serait rien qu’un courant dans un océan d’informations si le contexte socio-politique de certains pays ne générait pas une défiance par rapport aux gouvernements et aux systèmes étatiques et ne facilitaient, par conséquent, une meilleure réceptivité à ces informations .
Mais les complotistes ne sont pas les seuls auteurs d’infox. Deux autres facteurs favorisent la diffusion de fake news : l’utilisation d’Internet comme une arme d’action massive et sa monétisation.
Une arme d’information massive
Oui, nous sommes dans une guerre médiatique : certains gouvernements, certains groupes d’opinion, certaines entreprises et même des individus n’hésitent pas à diffuser de fausses informations pour discréditer leurs contradicteurs, leurs opposants ou leurs concurrents, un parti politique ou un courant de pensée, voire une église, pour manipuler leurs électeurs ou tout simplement ébranler le système démocratique et promouvoir d’autres valeurs. L’état actuel des technologies de l’information permet de créer des médias qui n’ont rien à voir avec la réalité et de les propulser anonymement dans le monde entier.
Un exemple flagrant auquel nous assistons hélas en ce moment est la guerre en Ukraine où les parties surenchérissent en matière médiatique et n’hésitent pas à modifier quelque peu la vérité tantôt pour atteindre le moral des troupes ennemies, tantôt pour sensibiliser d’autres pays à leur cause. Cet article du Huffington Post (à lire ici) donne des exemples flagrants ainsi que les moyens utilisés pour montrer la désinformation.
Effet pervers de la monétisation d’Internet
L’autre facteur favorisant la désinformation est la capacité du web à générer des revenus qui peuvent devenir conséquents. Google ou Facebook, tout en proposant des services gratuits au grand public, sont parmi les entreprises qui génèrent les plus forts bénéfices dans le monde : 76 milliards de dollars de bénéfice net pour Google en 2021, 39 milliards de dollars pour Facebook et ces chiffres sont en constante augmentation. Les revenus de ces deux sociétés sont essentiellement publicitaires et l’équation qui gère leur progression est la suivante :
(plus de clics) = (plus de publicités) = (plus de revenus)
L’objectif de FaceBook et YouTube (filiale de Google) est donc de générer le maximum de revenus et pour delà de créer de l’appétence pour que les internautes restent sur leurs réseaux. Ainsi sur le milliard d’heures de visionnage chaque jour sur YouTube, 70% sont le résultat des propositions que YouTube nous fait à partir de l’analyse de nos comportements sur Internet par des logiciels dits d’intelligence artificielle.
Hors les études menées récemment montrent que les contenus à fort caractère émotionnel sont largement plus retransmis que ceux qui présentent un caractère émotionnel neutre : chaque mot ou expression d’indignation augmenterait la probabilité d’être partagé de près de 20%. Voilà de quoi inciter nos fournisseurs de service à programmer leurs logiciels de façon à diffuser préférentiellement ce type de contenu.
La lanceuse d’alerte Frances Haugen est une ancienne employée de FaceBook. Engagée par cette société (qui détient également Instagram) pour lutter contre la désinformation, elle constate que la direction ne tient aucun compte des conseils donnés et préfère “donner la priorité à la croissance plutôt qu’à la sûreté”. »Elle a fourni à l’administration américaine et au Wall Street Journal plusieurs milliers de documents internes à FaceBook, documents montrant, par exemple, le peu de cas que les dirigeants de cette société faisaient des dégâts psychologiques causés par Instagram (13 % des jeunes filles britanniques utilisatrices de la plateforme souffrant de dépression imputent leurs envies suicidaires à Instagram, et 6% des américaines – ladn.eu du 16/09/2021).
Nous sommes bien loin de l’amour que Dieu nous demande d’avoir pour notre prochain.
Dans une interview sur CBS le 3 octobre 2021, la donneuse d’alertes explique au public comment FaceBook utilise le contenu haineux, la violence et la mésinformation pour maintenir ses abonnés sur son site et accroitre ses revenus en créant le buzz pour générer de meilleurs revenus publicitaires.
Faut-il filtrer les informations qui circulent sur Internet ?
Les contenus des réseaux sociaux doivent-ils donc être filtrés ? Oui, s’ils nuisent à la dignité ou génèrent directement un risque à l’intégrité physique, psychique ou spirituelle d’une ou d’un groupe de personnes. Mais que faire quand il s’agit de mésinformation?
Utiliser des algorithmes mathématiques pour séparer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas ? Oops ! l’expérience de Facebook montre que ce n’est pas de la meilleure efficacité. Et Dieu notre Créateur est-il favorable à ce que les êtres qu’il a créés avec le libre-arbitre soient censurés par des systèmes automatisés ?
Demander à des modérateurs (appellation des personnes chargées de veiller au bon fonctionnement d’un réseau sur Internet en évitant les propos excessifs) de filtrer les messages diffusés ? Là encore, l’exemple de Facebook montre que c’est une fausse bonne-idée. Des opérateurs humains imparfaits pour juger les propos tenus par d’autres êtres humains imparfaits ? Où en serions-nous de la liberté d’expression à laquelle nous sommes attachés ?
Nous pouvons imaginer qu’un jour un logiciel « mal écrit » retire des réseaux tout ce qui se réfère à notre religion par exemple ou que cela soit effectué par des arbitres humains « mal renseignés » sur les religions chrétiennes.
De la nécessité de faire preuve de discernement
Sauf à devenir liberticide, il est difficile pour un gouvernement de renforcer les dispositifs législatifs actuels pour empêcher la prolifération des infox. Quand bien même cela se ferait, la rapidité de diffusion sur les réseaux rend toute forme de contrôle non totalement automatisé totalement inefficace.
Le professeur de sociologie Gérald Bronner a dirigé un groupe de travail sur les moyens de lutte contre la désinformation. Le rapport de ce groupe a été publié en janvier 2022. Une de ses conclusions est la suivante : « La meilleure réponse aux perturbations informationnelles induites par le monde numérique est sans doute la modération individuelle, puisque tout un chacun est devenu un opérateur sur le marché en ligne de l’information ». (Les Lumières à l’ère numérique – Rapport de la commission – Janvier 2022)
Cette réponse n’est-elle pas cohérente avec 1 Jean 4:1 ?
Bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour voir s’ils sont de Dieu ; car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde.
Apprenons à être les modérateurs que Dieu attend que nous soyons.
(A suivre)
Auteur : Joël Gaget