Ce que les adventistes peuvent apprendre des économistes pour faire face aux crises avec résilience

Actualité Adventiste 14 octobre 2021

Un économiste adventiste accompli discute des similitudes, et suggère une voie à suivre.

En quoi les économistes ressemblent-ils aux adventistes du septième jour ? D’après l’économiste adventiste David Beckworth, dans plusieurs aspects importants.

« On a dit aux adventistes de veiller et d’avertir. Les économistes ont une tâche très similaire. Ils sont également appelés à veiller et à avertir, » a-t-il déclaré aux membres du Comité Exécutif de la Conférence Générale (GCEXCOM) réunis pour le Concile Annuel le vendredi 8 octobre 2021.

David Beckworth, chercheur confirmé, auteur et ancien économiste international au Département du Trésor des États-Unis, a partagé une présentation vidéo lors de la Conférence sur l’Éducation et le Développement du Leadership (LEAD) au siège de l’Église adventiste à Silver Spring, dans le Maryland, aux États-Unis. Il a offert son point de vue en tant qu’économiste accompli et membre d’église sur le fait de trouver la résilience à travers les crises.

 

Pratiquer l’humilité

En utilisant l’acronyme POD, David Beckworth a discuté des principes de la résilience. Le P, a-t-il dit, est pour pratiquer l’humilité, une qualité importante pour développer la résilience.

« Cela nous empêche de nous laisser embarquer dans les dernières modes, » a-t-il déclaré. « Les pensées que l’on peut avoir pendant une crise peuvent nous conduire à une mauvaise prise de décision. Cela peut aussi nous amener à perdre de vue notre mission, à être tellement pris dans l’instant présent que nous perdons de vue le fait que nous sommes ici pour avertir le monde.

David Beckworth a rappelé aux dirigeants et aux membres qu’en tant qu’adventistes du septième jour, nous savons où nous en sommes dans l’histoire prophétique. Cependant, nous avons besoin d’humilité pour comprendre chaque tournant de l’histoire humaine, en particulier pendant les crises. « En tant qu’adventistes du septième jour, nous sommes appelés à veiller et à avertir. Nous avons la prophétie ; nous regardons les signes, puis nous donnons des avertissements au monde, » a-t-il expliqué. « Il est essentiel de trouver un équilibre dans la façon dont nous faisons cela. Nous sommes appelés à veiller et à avertir, mais nous sommes aussi appelés à le faire avec humilité. »

Il a cité la co-fondatrice de l’Église adventiste, Ellen G. White, qui a écrit en 1892 : « Nous ne devons pas vivre dans l’excitation à propos du temps. Nous ne devons pas être absorbés par des spéculations concernant les temps et les moments que Dieu n’a pas révélés. » 1

Les économistes ont une tâche très similaire, a dit David Beckworth. Ils utilisent des prévisions — « nous attendons ; nous essayons de voir où va l’économie. » Ils utilisent des indicateurs pour connaître l’état actuel de l’économie et produire des avertissements ou des conseils destinés à ceux qui ont besoin de ces informations. Cependant, « en tant qu’économistes, » a reconnu David Beckworth, « nous ne faisons pas toujours un excellent travail. »

En tant qu’adventistes, nous pouvons apprendre de l’expérience des économistes qui ont échoué, a-t-il suggéré. En tant qu’adventistes, « nous devrions pratiquer l’humilité dans notre observation, et nous ne devons pas oublier qu’il est facile de se laisser emporter par le moment présent, et ce faisant, cela nous distrait de la tâche à accomplir, et donc nous ne sommes pas résilients pendant crise. »

 

Leçons de la Grande Dépression

En considérant un exemple de l’histoire au 20ème siècle, David Beckworth a reconnu que pratiquer l’humilité aurait été une bonne chose pour les économistes et aussi pour certains adventistes du septième jour.

Les années 1920, a-t-il expliqué, étaient une décennie de jubilation, d’euphorie et de bons moments. « Il y avait beaucoup d’innovations, de voitures, d’appareils, » a-t-il expliqué. « Le moral était bon et les gens se sentaient bien. » Le marché boursier continuait de progresser et le chômage était inférieur à 1 pourcent.

« À quoi pensaient les économistes dans les années 1920 ? Étaient-ils en train de veiller et d’avertir ? Ont-ils vu les dangers à venir ? Ou ont-ils été absorbés dans l’instant présent comme n’importe qui d’autre ? » a demandé David Beckworth.

Il a donné deux exemples. Le célèbre économiste John Maynard Keynes a déclaré en 1928 : « Nous n’aurons plus de krachs à notre époque. » « C’était une déclaration très audacieuse, et aussi une déclaration très erronée, » a dit David Beckworth. De plus, l’économiste renommé et largement lu, Irving Fisher, a écrit en 1929 : « Le cours des actions a atteint ce qui ressemble à un haut plateau permanent. »

 

Absorbés dans l’instant

D’après David Beckworth, « ces économistes ne pratiquaient pas l’humilité ; ils étaient aussi absorbés par le temps et les moments dans lesquels ils vivaient. » Beaucoup prétendent que le krach financier et les événements catastrophiques de la décennie qui a suivi auraient pu être évités si les économistes avaient fait leur travail.

« Alors, comment étaient les adventistes du septième jour pendant la Grande Dépression ? Ont-ils fait mieux ? Ou ont-ils eux aussi été pris dans l’instant à leur manière ? » a-t-il demandé.

« Au début de la crise économique, les adventistes commençaient à se demander si oui ou non c’était la fin, » a expliqué David Beckworth. « Les publications adventistes étaient très sûres qu’on était parvenu à la fin des temps. Ils étaient absolument certains que la fin approchait. » Mais des décennies auparavant, Ellen White avait mis en garde : « Accomplissez vos devoirs présents » « au lieu d’épuiser la puissance de [votre] esprit dans des spéculations concernant les temps et les moments. » 2

David Beckworth a dit qu’il est facile de se laisser emporter par le moment. « Mais nous devons avoir l’humilité de savoir que nous ne comprenons pas tout, » a-t-il souligné. « Nous devons pratiquer l’humilité dans ce que nous faisons. »

 

Travailler jusqu’à ce qu’il vienne

Le deuxième principe mentionné par David Beckworth était de « travailler jusqu’à ce qu’il vienne, » une notion basée sur la parabole biblique des talents rapportée dans Matthieu 25. Dans la parabole, le maître s’en va et laisse des responsabilités à ses ouvriers. Mais un des serviteurs est terrifié. « Peut-être qu’il était pris dans le moment, peut-être qu’il ne pratiquait pas l’humilité, » a dit David Beckworth. En conséquence, il n’a pas fait ce qu’on lui avait demandé.

« Nous avons chacun été appelés à des occupations différentes, nous avons reçu des appels différents dans la vie, » a-t-il déclaré. « Mais quoi que Dieu nous ait appelés à faire, Dieu nous dit de travailler jusqu’à ce qu’il vienne. Il nous a confié une tâche et nous devons l’accomplir. »

Selon David Beckworth, dans l’exemple biblique de Noé, nous voyons un parfait exemple d’équilibre que nous pourrions suivre. « Noé a travaillé pendant 120 ans dans un équilibre parfait entre veiller, avertir et travailler. Il n’a pas laissé les dernières modes ou les derniers mouvements le distraire de la tâche à accomplir, » a-t-il déclaré.

 

Soumission quotidienne

David Beckworth a suggéré que les deux premiers principes ne viennent pas naturellement. C’est quelque chose, a-t-il dit, qui devrait nous conduire au troisième principe, qui est la soumission quotidienne. « Sans soumission quotidienne, nous ne pourrons pas pratiquer l’humilité ; nous sommes plus susceptibles d’être emportés dans l’instant présent. Nous ne serons pas en mesure de travailler ; nous serons distraits. »

Il a suggéré que Daniel est un excellent exemple biblique d’un individu qui s’est soumis chaque jour malgré toutes les crises qu’il a vues dans sa vie. « Daniel a enduré la destruction de sa patrie, Juda. Il a vu se succéder cinq rois babyloniens et il a survécu à la destruction de Babylone. Et il a survécu à l’intrigue du palais pendant le règne Perse, » a dit David Beckworth aux dirigeants et aux membres adventistes. « Il se trouve que Daniel a persévéré pendant toutes ces crises. »

Il a demandé : « Comment Daniel y est-il parvenu ?

« Daniel se soumettait quotidiennement, trois fois par jour. »

Grâce à cette soumission quotidienne, a expliqué David Beckworth, Daniel a pu pratiquer l’humilité. « Il pouvait être considéré comme une aide sage et stable auprès des dirigeants des différents empires. Par sa soumission quotidienne, il a également pu attendre patiemment, occupé à la tâche confiée par Dieu, jusqu’à ce que le temps soit écoulé. »

Mais le plus grand exemple de tous, a souligné David Beckworth, se trouve dans la vie de Jésus. « Il a enduré de nombreuses crises lorsqu’il était ici sur la terre, mais sa crise la plus intense a été la croix, » a-t-il déclaré. Il a souligné que même si Jésus savait ce qui lui arriverait, il a eu la sérénité pour y faire face avec confiance et sang-froid.

« Je veux avoir cette foi ; Je veux avoir cette résilience, » a déclaré David Beckworth. « Je veux vivre ma vie comme Jésus afin de pouvoir faire preuve de résilience pendant les crises. C’est ma prière pour nous tous. »

 

Auteur :

Traduction: Patrick Luciathe

Sources :

  1. Ellen G. White, “It Is Not for You to Know the Times and the Seasons,”  (« Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments, ») Advent Review and Sabbath Herald, 22 Mars 1892, 178.
  2. White, “It Is Not for You to Know the Times and the Seasons,” (« Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments, ») 177.