Comment avons-nous eu notre Bible ? Dans cette première partie de l’article, découvrez comment le canon a été formé
Le mot Bible vient de l’expression grecque, ta biblia, qui signifie « les livres ». Cette bibliothèque de soixante-six livres a été écrite en trois langues par une quarantaine d’auteurs sur trois continents – l’Asie, l’Afrique et l’Europe – sur une période de plus de mille six cent ans. Le Livre, comme on l’appelle, a été écrit en divers lieux : dans un désert pour Moïse, un palais pour Daniel, une prison pour Paul ou lors d’un voyage pour Luc. Il a été consigné à divers moments : en temps de guerre pour David, de paix pour Salomon, de prospérité pour Amos ou de famine pour Joël.
La langue originale de l’Ancien Testament est l’hébreu. Quelques chapitres des livres d’Esdras et de Daniel, et un verset de Jérémie, furent écrits en araméen, une langue cousine de l’hébreu. Le Nouveau Testament fut écrit en koine dialektos, un patois grec parlé par le peuple, différent du grec classique des érudits. Les auteurs bibliques proviennent de toutes les composantes de la société : prêtre (Samuel, Zacharie), scribe (Nathan, Gad), roi (David, Salomon), premier ministre (Daniel), général (Josué), esclave (Ézéchiel), noble (Ésaïe), berger (Moïse), fermier (Amos), compositeur (Asaph, Koré), pécheur (Pierre, Jean), collecteur d’impôt (Matthieu), médecin (Luc), fabricant de tentes et intellectuel (Paul).
Certains prophètes ont écrit leurs messages, d’autres pas. Certains écrits inspirés ont été consignés dans la Bible, d’autres pas.
Par exemple :
« Le reste des actions de Salomon, les premières et les dernières, cela n’est-il pas écrit dans le livre de Nathan, le prophète, dans la prophétie d’Achija de Silo, et dans les révélations de Jéedo, le prophète sur Jéroboam, fils de Nebath ? » 2 Chroniques 9:29
Certains auteurs bibliques sont connus, d’autres inconnus. Certains livres sont l’œuvre d’un auteur ou d’un secrétaire, comme Marc qui a rapporté les récits de l’apôtre Pierre dans son évangile. D’autres sont collectifs, telle une collection (les Psaumes) ou une compilation (les annales royales de 1-2 Rois, 1-2 Chroniques), arrangée par un rédacteur pour les besoins de l’instruction religieuse.
Inévitablement, le style littéraire d’un livre de la Bible reflète la personnalité et le niveau d’instruction de l’auteur. On trouve de tout : des articles de loi, des poèmes, des hymnes, des récits historiques, des biographies, de la correspondance privée, des documents royaux, des circulaires ecclésiastiques ou des oracles prophétiques.
Le canon de l’Ancien Testament
Comment les livres de la Bible sont parvenus jusqu’à nous ? Sont-ils fidèles aux textes originaux ? Comment s’est fait le tri entre les livres inspirés et les écrits apocryphes ? Mille cinq cent ans avant l’ère chrétienne, l’écriture de la Bible commença avec la Torah, les cinq premiers livres inspirés. L’abondance des informations historiques de Genèse 1-11 (la généalogie des patriarches, la table des nations, la lignée ancestrale d’Israël), en partie confirmées par l’archéologie, présuppose que l’auteur eut accès à des sources écrites remontant à l’époque post-diluvienne de Noé. Sur l’ordre de Dieu, Moïse écrivit ses paroles et les événements de l’exode dans un livre : « L’Éternel dit à Moïse : Écris cela dans un livre pour que le souvenir s’en conserve. » Exode 17:14
« Moïse écrivit toutes les paroles de l’Éternel. » Exode 24:4
Environ cinq cent ans plus tard (vers 1050 av. JC), David présenta Moïse comme l’auteur principal du Pentateuque (1 Rois 2:3), mot signifiant « les cinq étuis » de rouleaux de papyrus. Implicitement, les rois Amatsia et Josias reconnurent Moïse comme l’auteur (2 Rois 14:6, 22:8, 25). « La première chose à comprendre est qu’aucun individu ou comité s’est assis pour compiler la Bible », indique David Marshall.1 Au fil du temps, des prophètes ont parlé de la part de Dieu et ont mis par écrit les révélations que le Saint-Esprit leur a communiquées :« Ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1:21). Ces écrits contenaient des enseignements, des exhortations, des vérités et des informations de provenance divine (des visions) et humaine (des documents historiques).
À l’époque de l’Ancien Testament, chaque livre inspiré était conservé dans le tabernacle, et plus tard dans le temple à Jérusalem. Le roi israélite disposait d’un second exemplaire. Le livre original de la loi se trouvait dans l’arche de l’alliance ou à côté de ce mobilier : « Lorsque Moïse eut complètement achevé d’écrire dans un livre les paroles de cette loi, il donna un ordre aux lévites qui portaient l’arche de l’alliance de l’Éternel : Prenez ce livre de la loi, et mettez-le à côté de l’arche de l’alliance de l’Éternel, et il sera là comme témoin contre toi. » Deutéronome 31:24-26. D’autres rouleaux furent aussi placés dans le lieu très saint : « Josué écrivit ces choses dans le livre de la loi de Dieu. » Josué 24:26. « Samuel fit alors connaître au peuple le droit de la royauté, et il l’écrivit dans un livre, qu’il déposa devant l’Éternel. » 1 Samuel 10:25.
Cette pratique n’était pas singulière. Les nations de l’antiquité, comme l’Égypte, Babylone, la Phénicie, la Grèce ou Rome, gardaient précieusement leurs écrits sacrés dans leurs sanctuaires. Puisque l’arche de l’alliance symbolisait le trône de Dieu (Exode 25:22), les Écritures du sanctuaire faisaient autorité comme Parole de Dieu. Le Talmud rapporte qu’après l’exil à Babylone, Esdras rassembla les Écritures hébraïques et organisa avec la grande synagogue le canon de l’Ancien Testament. À l’époque du Christ, elles existaient sous la forme connue aujourd’hui. Après la chute de Jérusalem en l’an 70, une discussion considérable se produisit sur le canon de l’Écriture. Le rabbin Yochanan ben Zakkai rassembla des experts au concile de Jamnia pour en débattre. En réalité, l’échange porta seulement sur quatre livres : Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques et Esther. Les autres Écritures hébraïques étaient déjà largement reconnues comme étant inspirées. D’autre part, les experts rejetèrent les livres deutérocanoniques qui n’avaient jamais été considérés comme tels.
Le canon du Nouveau Testament
Les livres du Nouveau Testament ont été écrits au première siècle de notre ère en une soixantaine d’années, mais ce n’est pas avant l’an 367 qu’on établit la liste telle qu’on la connaît aujourd’hui. Cette liste se trouva dans une lettre écrite par Athanase, l’évêque d’Alexandrie.
Pendant deux siècles et demi, de nombreuses discussions portèrent sur d’autres livres à inclure dans le canon biblique. Les Écritures hébraïques étaient la Bible des premiers chrétiens, mais ils incorporèrent peu à peu les écrits des apôtres. Ces livres s’imposèrent naturellement à eux car leur inspiration divine parut évidente. Par contre, les chrétiens rejetèrent les livres apocryphes, remplis juste de récits historiques, de mots de sagesse ou d’histoires fantasmagoriques.
Les chrétiens des premiers siècles ont considéré que les livres du Nouveau Testament s’authentifiaient par eux-mêmes. Ils provenaient d’apôtres qui avaient connus Jésus personnellement (Matthieu, Pierre, Jean, Jacques, Jude), l’avaient rencontrés (Paul), ou de leurs collaborateurs (Marc, Luc). À l’inverse, les évangiles apocryphes ont été écrits au IIe siècle, après la mort des apôtres.
Le principe de rédaction des livres de la Bible est le témoignage oculaire. Les messages de Dieu aux prophètes étaient rapidement consignés. Les événements étaient rapidement rapportés par les témoins oculaires. Un livre écrit un siècle après les événements et la disparition des témoins faisait peu autorité.
Auteur : Jean-Luc Chandler – Directeur des communications – FEAM
Source :
- David Marshall, The Battle for the Bible(Angleterre : Autumn House, 2004), p. 31.