L’étude suggère qu’ils sont plus aptes à combattre la maladie que les non-végétariens
Dans une récente étude menée par des chercheurs de l’Université de Loma Linda, de l’Hôpital Brigham and Women’s et du Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson, on a observé des différences entre les profils métaboliques des végétaliens et des non-végétariens, ce qui pourrait expliquer, du moins en partie, le risque plus faible de maladies chroniques chez le premier groupe.
D’après Fayth Miles, auteure principale de l’article et professeure adjointe aux facultés de santé publique et de médecine de l’Université de Loma Linda, certains métabolites ayant été trouvés en quantités considérablement moindres chez les végétaliens, cela réduirait leur risque de maladies cardiométaboliques. On a également trouvé chez eux de plus faibles concentrations de métabolites qui semblent être associés aux maladies cardiovasculaires, au diabète et à l’inflammation. Ces métabolites se trouvaient systématiquement en plus grandes quantités chez les non-végétariens. La consommation accrue d’aliments à base de végétaux pourrait ainsi réduire le risque de maladies métaboliques.
« Ces découvertes sont très intéressantes, car elles suggèrent des réactions biologiques considérablement positives chez les végétaliens, attribuables justement à une alimentation basée sur les végétaux », a expliqué Mme Miles.
L’étude sur la biologie du végétalisme a été publiée dans le périodique sur la nutrition humaine Nutrients du 8 février 2022.*
Les chercheurs ont eu recours aux signatures métaboliques, c’est-à-dire des mesures de 67 métabolites produits durant le processus métabolique qui circulent dans le sang. Avec les signatures métaboliques de plasma obtenues de 93 personnes, l’étude a découvert une différence notable entre le profil métabolique des végétaliens et celui des non-végétariens. En effet, plus de 60 % des quelque 1 000 biomarqueurs présentaient des différences considérables entre les deux groupes.
L’Adventist Health Study-2 (AHS-2) avait obtenu des résultats plus favorables pour les végétaliens et les autres végétariens, comme de meilleurs profils cardiométaboliques et un risque plus faible de diabète, de cancer ainsi que de mortalité cardiovasculaire et générale que pour les non-végétariens. Cette étude suggère fortement l’existence de liens de causalité entre les habitudes alimentaires et les maladies en démontrant des différences importantes entre les végétaliens et les non-végétariens sur le plan moléculaire.
Selon les auteurs, une forte corrélation existe entre l’alimentation végétalienne et les signatures métaboliques pertinentes à la prévention et au contrôle des maladies.
Les résultats de cette étude vont dans le même sens que les avantages pour la santé rapportés plus tôt pour les végétaliens. Par exemple, l’étude a permis de découvrir des taux plus faibles de plusieurs types d’acides gras ou d’autres métabolites lipides que l’on croit liés à l’insensibilité à l’inflammation et à l’insuline.
Cette étude appuie également les découvertes précédentes de l’AHS-2 selon lesquelles des quantités supérieures de composés végétaux bénéfiques ont été trouvées dans des échantillons de sang, d’urine et d’adipose de personnes végétaliennes, des composés biologiques actifs que l’on croit avoir des effets anti-inflammatoires et anti-cancer.
Certains métabolites présentant des différences entre les deux groupes de cette étude sont des marqueurs d’apports ou de comportements alimentaires alors que d’autres pourraient entraîner une activité biologique qui prévient ou qui favorise la maladie. Par exemple, les acides gras saturés à longue chaîne, les acyles carnitines, les métabolites histidines, les acides gras à chaînes ramifiées et les acides aminés à chaînes ramifiées reflètent une consommation de viande, de produits laitiers et de gras ou de protéines animales, mais sont également liés à l’inflammation et aux maladies cardiométaboliques. Les chercheurs ont découvert des concentrations plus faibles de ces types de métabolites chez les végétaliens. Selon Mme Miles, il est intéressant de constater moins de ces métabolites et d’autres sous-classes de métabolites chez ces derniers, parce que des hypothèses peuvent ensuite être posées sur les raisons pour lesquelles ils ne sont pas aussi susceptibles à certaines maladies chroniques. De plus, les métabolites trouvés en plus grandes quantités chez eux pourraient réduire le risque de ces maladies par des mécanismes anti-inflammatoires.
Les végétaliens de l’AHS-2 consomment les plus grandes quantités de végétaux et ont été comparés à des non-végétariens afin de maximiser le contraste entre les profils métaboliques. Pour l’objectif de cette étude, les végétaliens étaient définis comme ne consommant jamais ou rarement (moins d’une fois par mois) de la viande, des œufs et des produits laitiers. Et les non-végétariens étaient définis comme consommant au moins 28 grammes de viande rouge par jour, bien que la majorité en consommait au moins 56 grammes.
À l’avenir, Mme Miles espère appliquer cette étude à plus grande échelle et identifier les biomarqueurs métaboliques et génomiques liant les comportements alimentaires et le mode de vie aux maladies, entre autres, cardiométaboliques en portant une attention particulière aux disparités en matière de santé.
La version originale de cet article a été publiée sur le site d’actualités du Centre médical de l’Université de Loma Linda.
* Fayth L. Miles et al., “The Biology of Veganism: Plasma Metabolomics Analysis Reveals Distinct Profiles of Vegans and Non-Vegetarians in the Adventist Health Study-2 (AHS-2) Cohort,” Nutrients 14, no. 3 (2022): 709, https://doi.org/10.3390/nu14030709. Cette étude a été financée par le Centre médical de l’Université de Loma Linda grâce à une subvention pilote accordée à la Dre Penelope Duerksen-Hughes (Fonds pilotes en sciences fondamentales et en recherche translationnelle) pour soutenir la recherche de l’Adventist Health Study-2. De plus, l’étude a été appuyée par l’Institut de santé d’Ardmore et l’Institut national sur la santé des minorités et les disparités en santé NIH.
Traduction : Marie-Michèle Robitaille