Quelle est l’histoire de Pâques et doit-on la célébrer ?
Pour l’ensemble du christianisme, ce week-end est l’occasion de célébrer Pâques en souvenir de Jésus-Christ, mort et ressuscité. De ce fait, les adventistes du septième jour semblent trancher quelque peu par rapport à d’autres chrétiens dans leur manière d’appréhender cette fête. Que dit la Bible exactement ?
La fête juive de Pâque
Le mot Pâque est cité pour la première fois dans le livre de l’Exode (12:11). Tiré du mot hébreu, Pessa’h, il signifie « passer outre, épargner ».
Dans l’histoire du peuple hébreu, la fête religieuse de la Pâque a une signification historique de suprême importance. C’est la fête nationale du pays. À chaque premier mois de l’année hébraïque, elle commémore le jour de la délivrance de quatre siècles d’esclavage. En effet, la dixième plaie d’une série de fléaux s’abat sur l’Égypte afin de pousser le Pharaon à laisser partir Israël (Exode 12.3-12).
Pour échapper à ce fléau, chaque famille hébreu doit asperger à l’aide d’un bouquet d’hysope le sang d’un agneau sans défaut sur le linteau de la porte de sa maison. Suivant des consignes strictes, les membres de la famille mangent à la hâte la viande de l’agneau rôtie au feu, avec du pain sans levain et des herbes amères (Exode 12.3-12). À tout moment, ils sont prêts à partir.
« C’est la Pâque de l’Éternel. » (Exode 12:11)
Le sang de l’agneau est un signe de protection, en réponse à la foi du croyant. Ce soir-là, l’Éternel passe à minuit au-dessus de chaque maison, mais épargne celles qui sont couvertes par le sang. Symbole de la délivrance du péché, la Pâque est toujours aujourd’hui célébrée par les juifs.
Christ, notre Pâque
Un millénaire et demi plus tard, Jésus célèbre la Pâque avec ses disciples. Le jeudi soir de la semaine sainte, il instaure dans la chambre haute une nouvelle fête où l’agneau pascal laisse la place à l’agneau véritable. Le vrai sacrifice est celui de Jésus-Christ, le Sauveur du monde, qui paie la pénalité du péché pour nous tous à la croix du calvaire.
« Christ, notre Pâque, a été immolé. » (1 Corinthiens 5:7)
Selon la Bible, le service de communion (la sainte cène) commémore cet événement. En partageant le pain et le vin, les croyants gardent la mémoire du sacrifice de Jésus. « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à-ce qu’il vienne » (1 Corinthiens 11:26).
C’est un repas de fête. Le croyant se réjouit du salut accordé gracieusement par ce sacrifice. Le service de communion le projette au jour glorieux du banquet des noces de l’agneau. Ce soir-là en effet, Jésus fait une promesse : « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Matthieu 26:29).
C’est un repas de fête. La foule des rachetés ovationne celui qui a donné sa vie pour sauver l’humanité maudite. Cette reconnaissance est sans retenue. Quand vous recevez un cadeau pareil, vous ne faites pas dans la gratitude timorée. La foule explose de joie, de louanges toujours plus élevées (Apocalypse 19:6-7).
La fête chrétienne de Pâques
Deux millénaires plus tard, l’ensemble du christianisme célèbre chaque année la fête de Pâques (avec un s), un mot qui n’est pas dans la Bible. Le mot « Pâques » dérive d’un ancien mot français paques, qui vient d’un mot latin, pascua, signifiant « nourriture ».
Dans le monde anglo-saxon, la fête de Pâques est appelée Easter. Ce mot provient de tribus saxonnes en Europe du nord qui célébraient une fête appelée Eostre, en l’honneur de la déesse germanique du printemps Eastra. Dans de nombreuses religions païennes, le printemps symbolisait la renaissance de la nature. On le fêtait à l’équinoxe du printemps, entre le 19 et le 21 mars, le jour où la durée du jour est égale à celle de la nuit.
Au milieu du VIIIe siècle, des tribus saxonnes se convertirent au christianisme en Angleterre où l’Église catholique était fortement implantée. Pour gagner de nouveaux convertis, certains missionnaires firent des analogies entre la croyance païenne et la théologie biblique, comparant le renouveau de la nature à la résurrection de Jésus.
Pâques commémore la résurrection de Jésus. Ne se basant pas sur la date historique de la résurrection, les chrétiens la célèbrent le dimanche de Pâques, à des dates différentes. Cette année, elle est célébrée le 17 avril chez les catholiques et les protestants, et le 24 avril chez les orthodoxes. Pâques tombe toujours un dimanche entre le 22 mars et le 25 avril.
Historiquement, l’Église primitive ne célébra jamais la date de la naissance de Jésus, ni de sa mort et de sa résurrection. « On ne trouve dans la Bible qu’un seul jour saint de la semaine, le sabbat, formé dans le cadre du processus de création par Dieu lui-même, et jamais suspendu », observe George Reid.1 Pour cette raison, les adventistes observent le sabbat comme unique temps sacré.
Jésus a été crucifié au jour de « préparation de la Pâque » (Jean 19:14), soit le vendredi 14 Nisan (le mois juif de la Pâque). S’il fallait commémorer cette date historique de la mort de Jésus, il ne serait pas possible de l’avoir toujours un vendredi, ni de célébrer la résurrection de Jésus forcément un dimanche.
« Compte tenu de ces informations, bien que la résurrection de Jésus soit un événement historique d’une grande importance, nous ne disposons d’aucun précédent biblique pour en faire un jour spécial de célébration », remarque Reid.2
Proclamez Jésus à Pâques
En résumé, la Pâque biblique célèbre Jésus crucifié et ressuscité, la délivrance du péché et la victoire de l’agneau. Ce repas de fête (la sainte cène) commémore l’histoire du salut au passé (la croix) et l’anticipe au futur (le festin des noces de l’agneau).
Aujourd’hui, Pâques et Noël sont les deux périodes de l’année où la population (croyante ou non) est la plus réceptive à l’invitation d’assister à un programme religieux. Profitez de l’occasion pour présenter un magnifique programme sur la vie de Jésus à l’église, sur une place, dans une salle de spectacle ou dans les médias. Ce peut être une cantate, un concert, une scène théâtrale, un spectacle audiovisuel, voire une cérémonie de communion mémorable.
À Pâques (avec s), nous ne célébrons pas une date ou une tradition, mais nous saisissons l’occasion idéale de présenter au public la vraie Pâque (sans s) : Jésus-Christ, le Sauveur du monde. La Pâque, c’est Jésus ! Chaque fois, et partout où il est possible de le présenter, exaltons l’agneau crucifié et ressuscité qui ôte le péché du monde;
Jean-Luc Chandler
- https://alelouya.org/publications/les-adventistes-et-la-fete-de-paques/
- Idem.