Lucien Loiseau naît le 31 octobre 1932 au François, à la Martinique, de Nicolas Loiseau (surnommé Papa François, comme sa commune de naissance) et de Marie-Anne Pascale Lagier Loiseau. En 1949, à l’âge de 17 ans, il a accepté le message adventiste et il est devenu l’un des membres fondateurs de la première église adventiste du septième jour construite (Horeb) de la Martinique. Un an plus tard, il devint colporteur-évangéliste.
En 1954, à 22 ans, il quitte la Martinique et se rend en Guadeloupe où il continue à évangéliser en qualité de colporteur. De là, il se rend à Trinidad où il étudie au Caribbean Union College, il y obtient son diplôme en 1963. Après cela, il continue à voyager dans diverses îles de la Caraïbe, répandant la Parole de Dieu. À Saint Martin, il rencontre son âme sœur, sa meilleure amie, et l’amour de sa vie, Mariette Armande Hunt. Alors qu’il se rend au Canada francophone pour y continuer son œuvre de colporteur, elle emménage à New York, mais ils continuent de correspondre. Ils se marient finalement au Canada le 9 octobre 1965. Quelques années plus tard, ils auront une fille, Linda Marie Loiseau Foxworth. Mariette et Lucien auraient célébré leurs 55 ans de mariage en octobre prochain.
Puis la famille déménage vers les États-Unis où Lucien achève ses études et reçoit une licence à Atlantique Union College, South Lancaster, dans le Massachusetts en 1968, avec en option principale Religion et deuxième option Histoire. Ensuite, la famille se rend à Washington où Lucien décroche un certificat provisoire d’enseignement en 1969 à Walla Walla College. C’est à cette époque qu’ils rencontrent leurs amis proches jusqu’à ce jour, la famille Schafer.
Les Loiseau s’installent à nouveau dans l’Oregon. Lucien s’inscrit à Portland State University où il décrochera une maîtrise ès arts en enseignement secondaire en 1972. C’est aussi à cette époque qu’ils rejoignent l’église adventiste Saron. Lucien y sera lecteur biblique, enseignant de l’école du sabbat, choriste et ancien.
L’une des réalisations dont il a été le plus fier au sein de l’église a été d’organiser le « Groupe de militants chrétiens » dans les années 1970, qui s’est battu pour la justice sociale et l’égalité des droits au sein de l’Eglise adventiste afin de s’assurer que les enseignants et les administrateurs noirs soient inclus dans les écoles adventistes, ainsi que dans les fédérations et les unions. Le « Groupe de militants chrétiens » devint si influent que des officiels de haut rang de la Conférence générale et de la Division nord-américaine sont venus dans l’Oregon pour y débattre des problèmes. En résultat de leurs efforts, le premier enseignant noir fut engagé à l’école élémentaire adventiste de Portland et un emploi permanent fut créé à la fédération des unions Nord Pacifique (NPUC) au Bureau des Affaires Régionales.
Le 14 Mai 2011, lors d’une rencontre régionale, les membres du « Groupe des militants chrétiens » et lui furent honorés d’un prix de reconnaissance (Recognition Award) en souvenir de leurs sacrifices pour l’établissement du Bureau des Affaires Régionales au NPUC, ainsi que pour leur pensée visionnaire et leur leadership.
Lucien est souvent élu dans différents comités de la fédération adventiste de l’Oregon, dans des conseils d’administration scolaire et du NPUC, en raison de ses connaissances étendues en procédures administratives. Souvent, on l’a vu et entendu, levant la main pour dire, « Mr Le président, rappel du règlement », si le comité s’écartait du règlement ou ne suivait pas simplement l’ordre du jour.
Lucien est aussi membre du Black United Front (Front Noir Uni) dans les années quatre-vingt et quatre vingt dix. Il est toujours aux avant-postes de la lutte pour les droits des noirs dans la communauté, aidant souvent les membres d’églises lors de divers problèmes de discrimination. Il est bien connu aussi de la communauté comme un homme de Dieu et un combattant de la justice sociale qui rend souvent visite aux églises adorant le dimanche. Il est même appelé quelques fois à prêcher, comme ce fut souvent le cas à l’église du Mont des Oliviers, à Highland (y compris lors de rencontres sous chapiteaux), à l’église Mont du Calvaire (aujourd’hui, Daniels memorial), Open Door house of Prayer, à Emmanuel, l’Église de Dieu unie en Christ (Church of God in United Christ) et dans bien d’autres.
De 1971 à 1974, il travaille pour le Albina Child Care Center (un centre de soins pour les enfants) comme professeur de chaire principal. Dans les années soixante dix, Lucien a eu la satisfaction de voir la mise en application de la loi sur l’action positive (Affirmative Action) qui contribua à mettre un terme à la discrimination, ce qui, selon lui, l’a aidé à décrocher un poste de direction dans l’État de l’Oregon. Il travailla pour l’État de 1974 à 1990 comme superviseur et directeur d’agence par intérim.
En 1976, la famille déménage de Portland, dans l’Oregon, à Vancouver, dans l’État de Washington, où il vécut le reste de sa vie. En 1990, il commence une carrière d’enseignant et travaille dans les districts de Portland, Beaverton et Clark County. De 1990 jusqu’à l’âge de 81 ans, il travaille comme professeur suppléant dans les écoles publiques de Portland.
En Octobre 1991, à Portland, après une croisade évangélique « Your Bible Speaks »’ (la Bible parle), une église locale est créée. L’église étant majoritairement constituée de jeunes adultes, Lucien et Mariette, sa femme sont invités à quitter leur église du Saron, et à aider à la mise en place de l’église YBS en tant que mentors. Lucien et Mariette deviennent les fondateurs de l’église YBS quand celle-ci devient une église officielle en 1992. Il y servit comme premier ancien et y enseigna aux laïques comment prêcher.
Lucien Loiseau milite continuellement aussi pour l’avancement des droits des femmes en termes d’égalité, pour qu’elles soient acceptées comme prédicatrices et anciennes. Après avoir servi à YBS pendant 20 ans, le coupe revint à l’église du Saron. Lucien y est de nouveau ancien et devient le responsable du ministère pour les prisonniers, ainsi que moniteur de l’Ecole du Sabbat. Il est aussi prédicateur laïc de la fédération de l’Oregon, prêchant dans diverses églises de l’Oregon et l’État de Washington.
Après sa retraite comme enseignant, Lucien suit des cours au Clark College et devient assistant juridique assermenté. Il étudie également étudié en autodidacte le grec du Nouveau Testament et l’algèbre. De plus, sur son temps libre, il appréciait de travailler pour Dieu ; parlant de Dieu et partageant sa connaissance de la Bible. Il est profondément passionné par le ministère pour les prisons et de servir ceux qui sont derrière les barreaux.
Lucien Loiseau a beaucoup aimé écrire et réciter des poèmes, son poète favori étant Aimé Césaire, auteur afro-caribéen et homme politique, originaire comme lui de la Martinique. Il le tient en très haute estime et lui rend même visite lors de son séjour à la Martinique en 1990. Aimé Césaire fut un des fondateurs du mouvement de la Négritude, mouvement qui commença avec les écrivains francophones africains et caribéens qui luttaient contre le colonialisme, les lois et politiques d’assimilation.
Lucien a apprécié le chant choral dans toute sa diversité : gospel traditionnel ou du sud, en passant par les cantiques français et anglais, tout autant que les chants de louanges et d’adoration. Il a toujours été fier de soutenir dans son parcours musical, sa fille qu’il a inspirée dès son jeune âge. Il instruisit et pria pour les ateliers de concerts de la communauté « Lift Every Voice », qu’elle coordonnait à l’église du Saron au cours des vingt dernières années.
Lucien aimait jouer au volley-ball, au football, et regarder les matchs des Portland Trail Blazers. Nageur confirmé, il aimait se baigner dans l’océan, même dans le froid Océan Pacifique. Il excellait aux dames et aux dominos. Si alors que vous jouiez aux dominos, vous l’entendiez brusquement se mettre à chanter en français ou claquer les dominos sur la table, vous saviez que vous aviez un problème et qu’il était sur le point de gagner !
Lucien aimait la vie, la famille, sa culture française et l’histoire de son île natale. Il parlait couramment trois langues, le français, le créole et l’anglais. Il disait toujours que nous devons « continuer à regarder à Jésus » et nous assurer de « nous préparer, d’être prêts, et de rester prêts pour la venue de Jésus ». Bien que ce patriarche, pilier de notre famille et de notre communauté nous manquera, nous savons que nous le reverrons bientôt au grand matin de la résurrection.
Le dernier cantique qu’il entendit sa fille chanter quelques jours avant son décès fut « Ride on King Jesus ». « Keep riding » (continuez à marcher) furent les derniers mots que sa famille l’entendit prononcer. Nous aimions tous beaucoup Lucien et nous « continuerons à marcher » vers Sion, l’éternelle cité.
Ses parents, Nicolas et Marie-Anne Pascal Lagier Loiseau ,ses deux frères Bernadin et Gentil ainsi que ses trois sœurs Anita, Élisa Loiseau- Nomis et Jeanne Loiseau-Ursulet l’ont précédé dans la mort. Il laisse dans le deuil Mariette Armande Loiseau, sa femme depuis 54 ans ; sa fille Linda Loiseau- Foxworth et son gendre Derrick Foxworth Sr, quelques membres des familles Defoi, Foxworth, Hodges, Hunt, Marshall, Ursulet, et Wright, ainsi que plusieurs neveux, nièces et cousins en Martinique et en France.
Panégyrique présenté par la famille Loiseau