Deux grands mouvements sont en marche actuellement : l’un pour la vérité, l’autre pour l’erreur
« Après cela, je vis du ciel un autre ange qui avait un grand pouvoir ; la terre fut illuminée de sa gloire. Il cria d’une voix forte : Elle est tombée, elle est tombée Babylone la Grande ! » (Apocalypse 18:1-2)
Les adventistes du septième jour connaissent par cœur cette déclaration sur le grand cri, mais peu en saisissent réellement la portée. Le comprendre est pourtant essentiel pour bien accomplir notre mission.
De nombreux anges sont mentionnés dans le livre de l’Apocalypse de Jean. Cependant, quatre anges seulement sont « puissants » : l’ange qui ordonne l’ouverture du livre aux sept sceaux (5:2), l’ange qui tient le petit livre ouvert (10:1), l’ange qui prononce le grand cri (18:1) et l’ange qui jette une grosse pierre dans la mer (18:21). Parmi ces anges, deux seulement crient d’une voix forte : l’ange qui tient le petit livre ouvert (10:3) et l’ange qui prononce le grand cri (18:2).
L’ange du grand cri est spécial et le seul en son genre. Sa puissance est inégalable. Il possède aussi une grande autorité et illumine la terre de sa gloire.
Le monstre marin
L’expression « grande autorité » apparaît une seule autre fois dans l’Apocalypse. Dans Apocalypse 13, Jean voit une bête qui monte de la mer. Cet animal est un mixage des quatre bêtes qui montent de la mer dans Daniel 7. Le dragon donne à ce monstre « sa puissance, son trône et une grande autorité » (13:2).
La bête marine a une grande puissance, un trône, un sanctuaire, et domine sur les nations. « Tous les habitants de la terre l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été inscrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’agneau », précise l’apôtre Jean (13:8).
Personne ne semble résister à son pouvoir : ni les rois, les présidents, les gouvernements, les parlements, les médias et les masses populaires. Le monde entier s’émerveille : « Qui est semblable à la bête ? » (13:4). Néanmoins, le disciple de Jésus ne se soucie pas de la puissance et de la popularité de la bête parce que l’ange du grand cri possède une autorité supérieure. Son autorité lui vient de Dieu lui-même !
Dans le contexte de la fin, le grand cri apportera plus de puissance au message des trois anges.
Le grand cri
Les auteurs du Nouveau Testament utilisent une expression journalistique, euangelion (l’évangile), pour parler du message des trois anges d’Apocalypse 14. Ce terme signifie « Bonne Nouvelle ». C’est en effet la bonne nouvelle de Jésus-Christ crucifié, ressuscité et glorifié, qui revient bientôt sur les nuées du ciel.
Toute la terre est illuminée de la gloire de Jésus-Christ, tant la nouvelle est bonne. Le monde entier est ébloui ! Dans Apocalypse 18, l’ange du grand cri amplifie considérablement le message des trois anges d’Apocalypse 14, symbolisant la proclamation de l’Évangile, car le mot angelos (ange) signifie « messager ».
La Bonne Nouvelle est en son et lumière. En effet, l’ange du grand cri parle d’une voix forte. L’expression grecque ici est mega phonē (voix forte), d’où vient le mot français « mégaphone ». Le monde est non seulement aveuglé par la gloire éblouissante de la proclamation du salut en Jésus-Christ – notre créateur, sauveur et libérateur, – il est aussi abasourdi par la puissance assourdissante de ce message.
Comme un haut-parleur géant, le grand cri est entendu par tous les habitants de la Terre. Quelle annonce extraordinaire à un tel moment de crise ! Les scientifiques annoncent un grand effondrement écologique. Les économistes prédisent un grand effondrement économique. Le grand cri est le seul message d’espérance dans un monde en désarroi.
Durant le grand cri, « des monuments au troisième ange se dresseront dans chaque ville et dans chaque village », indique Ellen White.[1] Autrement dit, on acceptera le message des trois anges dans chaque localité – par exemple, dans les 36 000 communes de la France. Partout dans le monde, des centaines de millions de personnes répondront à l’appel de Jésus.
William Miller fut à la tête d’un mouvement interconfessionnel
uni autour de la doctrine du retour du Christ.
Mouvement prophétique
Comment une petite dénomination chrétienne comme l’Église adventiste du septième jour parviendrait à impulser un mouvement mondial aussi monumental ?
L’adventisme se considère être un mouvement prophétique, de par son origine (10:10-11), identité (12:17) et message (14:6-10). Sa particularité n’est pas l’exclusivité, ni l’originalité de son message (l’Évangile éternel), mais sa mission prophétique. La plupart de ses croyances n’ont pas été découvertes par les adventistes eux-mêmes, mais empruntées à divers groupes protestants (comme le millérisme, le méthodisme, le connexionisme et les baptistes du septième jour) après avoir été passées au filtre de la Bible. De nombreuses pratiques ont été reprises des Églises protestantes : la réunion de prière, le petit groupe, le camp-meeting, l’École du Sabbat (à la place de l’école du dimanche), l’ordre du culte, les chants, l’appel pour les offrandes, l’appel après le message, la sainte-cène trimestrielle ou l’organisation ecclésiale (la fédération).
L’adventisme ne prétend pas être original, mais s’efforce de remonter à la source originelle du christianisme : aux enseignements de l’Église primitive. Tel un prophète, il invite les dénominations chrétiennes à revenir à cette source.
Le peuple de Dieu
L’apôtre Jean poursuit ainsi la description de la scène : « Puis j’entendis une autre voix venant du ciel qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin de ne pas vous associer à ses péchés et de ne pas être victimes de ses fléaux » (18:4).
Cet appel direct du souverain de l’univers semble incongru. On est étonné d’apprendre que Dieu a son peuple à Babylone, le symbole de la confusion religieuse. Que fait le peuple de Dieu dans cet endroit mal famé ? À l’époque du prophète Daniel, il était captif dans la cité antique. De la même façon, une grande partie du peuple de Dieu est aujourd’hui à Babylone.
« Dieu a beaucoup d’enfants dans les Églises protestantes et dans l’Église catholique. Ces croyants désirent davantage obéir à la lumière et tirer le meilleur parti possible de leurs connaissances qu’un grand nombre d’adventistes observateurs du sabbat qui, eux, ne marchent pas dans la lumière. »[2]
« Parmi les catholiques, il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui sont des chrétiens très consciencieux. Ils marchent dans toute la lumière qu’ils ont reçue. Dieu agira en leur faveur… Ils cherchent à faire du bien à leur prochain. Ne les censurez pas, ne les condamnez pas. »[3]
Gardons-nous de condamner sans distinction ceux qui ne partagent pas nos convictions religieuses. De nombreuses personnes sincères cherchent la vérité. Il convient de la présenter avec amour, tact et courtoisie.
« Dieu possède des joyaux dans toutes les Églises, et il ne nous appartient pas de dénoncer avec impétuosité le monde qui prétend être religieux, mais avec humilité et amour, nous pouvons présenter à tous la vérité telle qu’elle est en Jésus. »[4]
« Il ne faut invectiver personne, ni individu, ni Église. Apprenez à traiter les esprits comme le faisait le Christ. Parfois il est nécessaire de dire de dures vérités. Assurez-vous cependant que le Saint-Esprit habite dans vos cœurs avant d’avancer des vérités tranchantes ; qu’alors seulement elles fassent leur chemin. Trancher dans le vif n’est pas votre affaire. »[5]
Ellen White apporta de précieux conseils sur la relation interreligieuse.
Le reste
C’est d’une extrême importance de faire la distinction entre le message du reste et le peuple du reste. Les adventistes annoncent le message du grand cri, mais ne constituent pas à eux seuls le peuple de Dieu. À l’appel de Jésus, tous ceux qui aiment la vérité reconnaîtront sa voix, sortiront de Babylone et formeront le reste final :
« Je suis le bon berger ; je connais mes brebis et elles me connaissent… J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les amène ; elles écouteront ma voix, ainsi il n’y aura plus qu’un seul troupeau avec un seul berger » (Jean 10 :14).
Deux mouvements mondiaux se créeront simultanément : les adorateurs de l’agneau et les adorateurs du dragon (via la bête). Ceux qui aiment la vérité sortiront de tous les milieux religieux et idéologiques pour former le reste, fidèle à Dieu, rempli du Saint-Esprit et uni dans l’amour.
« Dieu a ses représentants dans toutes les Églises. Ces personnes n’ont pas encore reçues les vérités tests de foi dans les derniers jours, qui leur seront présentées dans des circonstances conduisant à la conviction de l’esprit et du cœur. »[6]
« Il se trouve des gens parmi les païens qui adorent Dieu par ignorance. La lumière ne leur a jamais été apportée par des agents humains. Pourtant, ils ne périront pas. Ignorants de la loi de Dieu écrite, ils ont écouté sa voix qui leur parlait par la nature. Ils ont fait ce que la loi réclamait. Leurs œuvres prouvent que le Saint-Esprit a touché leurs cœurs. Ils sont reconnus comme des enfants de Dieu. »[7]
Selon Ellen White, des rois, des présidents, des responsables politiques, des ministres du culte de toute religion, des artistes, des savants et des personnes de toutes les composantes de la société entendront le cri, sortiront de Babylone et se joindront au peuple de Dieu.[8]
Alonzo Jones fonda en 1898 le département de la liberté religieuse de l’Église adventiste du septième jour.
La liberté religieuse
Cet événement extraordinaire ne se produira pas spontanément, par magie ou par hasard. Ces personnes ne découvriront pas la vérité en Jésus-Christ sans une intention délibérée de notre part de leur présenter l’Évangile.
Dès 1898, l’Église adventiste du septième jour a organisé le département des affaires publiques et de la liberté religieuse pour dissiper les préjugés et favoriser la libre proclamation de l’Évangile. Or, il est impossible d’éliminer les préjugés sans relation, conversation et dialogue avec ceux qui pensent différemment de nous.
« Nous ne faisons pas la volonté de Dieu si nous sommes assis à ne rien faire pour préserver la liberté religieuse », déclara Ellen White.[9] « Notre devoir est de faire tout ce qui dépend de nous pour contrer la menace. Efforçons-nous de désarmer les préjugés en nous présentant aux gens sous une lumière favorable. »[10]
Dans cette perspective, Ellen White incita la direction adventiste à développer des relations avec l’élite politique, religieuse et intellectuelle de chaque pays. « Nos pasteurs doivent tenter de se rapprocher des pasteurs des autres dénominations. Priez pour et avec ces hommes pour lesquels le Christ intercède. Leur responsabilité est solennelle. Comme messagers du Christ, nous devons manifester un intérêt profond et sincère pour ces bergers du troupeau », expliqua t’elle.[11]
« J’ai vu que Dieu a des enfants sincères parmi les adventistes et les Églises déchues, que des ministres du culte et leurs congrégations seront appelés à sortir de ces dénominations avant que les fléaux ne se déversent, et qu’ils accepteront avec joie la vérité. Satan le sait, et avant le grand cri du troisième ange, il crée de l’excitation dans ces corps religieux afin que ceux qui rejettent la vérité croient que Dieu est avec eux. »[12]
Ponts et barrières
Ellen White encouragea les dirigeants adventistes à fraterniser avec les ministres du culte des autres religions et à collaborer avec eux dans des causes communes comme l’abolition de l’esclavage, le mode de vie sain, la liberté religieuse, l’aide humanitaire ou la diffusion de la Bible, pour faire tomber les préjugés, gagner leur confiance et leur transmettre la vérité.
« Il doit être manifeste que nous sommes des réformateurs, et non des bigots. Quand nos ouvriers entrent dans un nouveau champ, ils doivent faire la connaissance des pasteurs des Églises de la localité. Beaucoup d’âmes ont été perdues en négligeant de faire cela. Si nos pasteurs se montrent amicaux et sociables et n’agissent pas comme s’ils ont honte de notre message, ils produiront une impression favorable et excellente de la vérité sur les pasteurs et leurs congrégations. De toutes les manières, il est juste de leur offrir l’occasion d’être bons et agréables envers nous. »[13]
Ellen White incita les adventistes à créer des ponts avec la population en présentant l’Évangile. Les adventistes ont certaines doctrines en commun avec d’autres chrétiens qui sont des ponts pour les atteindre : par exemple, l’existence de Dieu, l’inspiration de la Bible, la trinité, l’incarnation du Christ ou sa mort expiatoire à la croix. D’autres doctrines constituent au départ des barrières qu’il vaut mieux présenter après avoir bâti des ponts. Elle encouragea les pasteurs à procéder de la sorte dans leurs contacts avec les leaders religieux :
« Nos ouvriers doivent faire très attention à ne pas donner l’impression qu’ils sont des voleurs de brebis, mais doivent expliquer leur position et leur mission aux ministres du culte afin d’attirer l’attention des gens sur les vérités de la Parole de Dieu. Nombreuses sont ces vérités qui sont chères à tous les chrétiens. Il y a des points communs de doctrine aux personnes de toutes dénominations. En les présentant, nous pouvons les conduire à d’autres sujets d’intérêt pour eux, et non commencer inutilement par des sujets de désaccord. »[14]
Les adventistes entretiennent des relations cordiales avec les autorités. Ici,
pasteur Ted Wilson, le président de la Conférence générale, et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies (2007-2016).
La collaboration biblique
Ellen White précisa les limites du témoignage par l’amitié, de la collaboration interreligieuse et de la relation avec l’État : il ne s’agit pas de créer une unité organique avec les autres Églises chrétiennes, de fusionner avec une autre dénomination, de faire des compromis doctrinaux, ou de prendre officiellement position pour un candidat ou un parti politique. Elle rejeta aux deux extrêmes l’isolation et le compromis vis-à-vis des autres religions.
Par exemple, Ellen White collabora avec des Églises protestantes dans l’œuvre de la tempérance, bien qu’elles militaient pour la loi du dimanche. Étant un jour férié, la consommation d’alcool dans les saloons était la plus élevée le dimanche. Les évangéliques ne comprenaient pas pourquoi les adventistes s’opposaient à la législation dominicale alors qu’ils étaient favorables à la prohibition de l’alcool et du tabac. Les adventistes répliquèrent qu’ils étaient contre la consommation de l’alcool chaque jour de la semaine. En dépit des désaccords sur la liberté religieuse, Ellen White œuvra étroitement avec les organisations religieuses pour promouvoir la tempérance, et conseilla aux adventistes d’agir dans ce sens :
« Nous devons nous rapprocher des gens autant que possible, sans sacrifier nos principes. Cela ne veut pas dire qu’il nous faut joindre leurs clubs et leurs activités, mais nous devons leur faire savoir que nous avons la plus grande sympathie pour leur cause en faveur de la tempérance. »[15]
Ellen White encouragea les jeunes adventistes à assister aux réunions de « l’association des jeunes hommes chrétiens » pour étudier la Bible ensemble et répondre à leurs questions. Elle fit l’éloge aux adventistes de l’Armée du Salut : « Ne les condamnez pas. Ne prononcez aucune parole dure contre eux. Des âmes précieuses, pleines d’abnégation dans l’Armée du Salut, cherchent à sauver les délaissés et les rejetés. Ne les découragez pas ».[16]
Dans certaines causes, Ellen White dépassa largement les confins de l’adventisme. Ses auditoires les plus nombreux ont été dans des cadres non adventistes : dans des salles de conférence ou dans d’autres Églises chrétiennes. Ses plus grands best-sellers furent publiés par des éditeurs non adventistes, comme Vers Jésus chez l’éditeur protestant Revel, afin d’atteindre le public le plus large possible.
« Afin d’atteindre ceux qui sont dans les ténèbres de l’erreur et des fausses théories, nous devons nous approcher d’eux avec la plus grande prudence et la plus grande sagesse, et trouver des points d’accord que nous acceptons en toute conscience. Nous devons avoir envers eux une grande considération et leur donner du crédit pour chaque position honnête. Nous devons nous rapprocher des gens autant que possible afin que la lumière de la vérité les éclaire », souligna t’elle.[17]
Les adventistes partagent leur foi avec tous les dirigeants religieux.
Ganoune Diop, le directeur du département de la liberté religieuse de l’Église adventiste,
converse ici avec le pape François.
Les religions non chrétiennes
Ellen White encouragea les relations cordiales avec les dirigeants de toutes les confessions religieuses. Au sujet du judaïsme, elle demanda de ne pas « mépriser les juifs », ni « d’établir des barrières » contre eux. Au contraire, « notre œuvre doit se réaliser aussi librement pour les juifs que pour les païens ».[18] Parmi les chrétiens, les adventistes sont les mieux placés pour « lier l’Ancien Testament au Nouveau Testament », avec des doctrines ponts comme le sabbat, le sanctuaire, le jour des expiations (le jugement) ou le ministère de Jésus comme grand-prêtre.[19]
Une approche similaire permettrait d’atteindre les musulmans car ils acceptent la croyance en un seul Dieu immuable et miséricordieux. Un peu comme les juifs, les adventistes ont en commun avec les musulmans les doctrines du don de prophétie, des viandes impures comme le porc ou de l’abstinence de l’alcool.
Les religions asiatiques comme l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme contiennent des éléments positifs en relation avec la nature et les êtres humains. Ils pratiquent la règle d’or : « ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Matthieu 7:12). Ces principes de vie sont compatibles avec le message de l’Évangile.
Dans de nombreuses cultures, l’absence de relation avec les leaders religieux peut s’avérer préjudiciable. Elle est perçue comme du sectarisme et un repli sur soi-même. Les autorités religieuses sont souvent parmi les personnalités les plus influentes du pays, notamment pour la liberté religieuse. De bonnes relations avec eux facilitent l’implantation et l’acceptation d’une religion dans la population.
Invité au 500e anniversaire de la Réforme protestante, pasteur Ted Wilson présenta un message à 200 dirigeants protestants.
Déclarations officielles
L’Église adventiste du septième jour considère tous les chrétiens comme des frères et sœurs en Christ. Dans une déclaration officielle en 1926, elle affirme que « la courtoisie chrétienne, l’amitié et la magnanimité » doivent prévaloir dans ses relations avec les autres Églises chrétiennes :
« Nous reconnaissons les organisations qui élèvent Christ devant les hommes comme faisant partie du plan divin pour l’évangélisation du monde, et nous tenons en haute estime les hommes et les femmes chrétiens de d’autres confessions qui sont engagés à gagner des âmes au Christ. »[20]
La déclaration officielle du 27 juin 1985 sur « le mouvement œcuménique » résume clairement le point de vue de l’Église adventiste : « Au Conseil Œcuménique des Églises, l’emphase première est d’entrer dans une communion d’Églises en espérant les faire sortir graduellement de la désunion corporelle. Dans le mouvement adventiste, l’emphase première est de sortir de la confusion et de la désunion babyloniennes afin d’entrer immédiatement dans la communion de l’unité, de la vérité et de l’amour dans la famille adventiste planétaire. »[21]
Dans la déclaration officielle du 15 avril 1997 sur « le catholicisme romain », l’Église adventiste affirme son rejet de la bigoterie contre toute personne, quelque soit sa couleur de peau, sa nationalité et sa religion. Elle reconnaît que l’Église catholique – et d’autres confessions chrétiennes – a une histoire d’intolérance dans le passé en alliant l’Église à l’État, et qu’une alliance semblable dans l’avenir produira une oppression religieuse planétaire. D’un autre côté, elle constate certains changements positifs dans le catholicisme moderne.
L’Église adventiste souhaite avoir une approche positive envers les confessions religieuses. « Notre tâche première est de prêcher l’Évangile de Jésus-Christ dans le contexte de son prochain retour, et non de pointer du doigt les travers des autres dénominations », souligne t’elle.[22]
Festival de la liberté religieuse au Mexique en 2014 avec Roberto Herrera et John Graz
(directeurs de ce département à la Division Inter-américaine et la Conférence générale).
Dire la vérité avec amour
Jésus disait toujours la vérité avec amour. Son message était l’amour, et il le présentait avec amour, sans blesser inutilement la sensibilité des gens, quelque soit leur culture, origine ethnique, condition sociale ou religion. « Dieu ne forcera jamais la volonté ou la conscience. »[23] Dans son gouvernement, il n’y a pas de coercition mais « la bonté, l’amour et l’influence volontaire ».[24]
Malgré leurs différences religieuses, Jésus mangea chez Simon, le pharisien (Luc 7:36). Il conversa avec Nicodème, un membre du Sanhédrin (Jean 3:1-2). Il entra dans la maison de Jaïrus, le chef réputé d’une synagogue (Marc 5:22, 38). Sans critiquer leur religion, il conduisit la Samaritaine et la Syro-phénicienne à le reconnaître comme Messie (Jean 4:25-26, Matthieu 15:21-22). Au lieu de dénoncer son paganisme, il accepta la requête d’un officier romain (Matthieu 8:5-7).
Avant de présenter l’Évangile, Jésus préparait le cœur de ses auditeurs par des paroles et des actes de bonté, au lieu de pointer du doigt leurs erreurs. « La méthode du Christ pour sauver les âmes est la seule qui réussisse. Il se mêlait aux hommes pour leur faire du bien, leur témoigner sa sympathie, les soulageant et gagnant leur confiance. Puis il leur disait : Suivez-moi ! »[25]
Nous devons être véridiques, transparents et justes vis-à-vis des autres religions. La religion, l’histoire et la culture sont souvent étroitement liées. Nous ne sommes pas pris au sérieux quand nous ignorons, déformons ou dénigrons les coutumes et les croyances officielles des personnes que nous cherchons à atteindre. Comprenant cela, Ellen White recommanda aux adventistes d’être courtois, aimables et magnanimes envers les personnes qu’ils cherchent à conduire à Jésus :
« Soyez prudents dans vos efforts. Ne vous attaquez pas aux préjugés des gens trop fortement. Ne vous empressez pas d’attaquer les autres dénominations. Cela crée seulement un esprit combatif, et ferme les oreilles et les cœurs à la porte d’entrée de la vérité. Notre œuvre n’est pas de détruire mais de bâtir…
Quand nous pénétrons un territoire, ne dressons pas des barrières inutiles entre nous et les autres dénominations, particulièrement les catholiques, afin qu’ils ne pensent pas que nous sommes leurs ennemis jurés. Ne créons pas dans les esprits des préjugés inutiles par des offensives contre eux. De nombreux catholiques vivent davantage dans la lumière qu’ils ont reçue que ceux qui affirment croire à la vérité présente. Dieu mettra leur foi à l’épreuve aussi sûrement qu’il mit la notre à l’épreuve. »[26]
Grâce au dialogue interreligieux, de nombreuses barrières contre les adventistes sont tombées dans des pays hostiles au christianisme ou à une minorité religieuse. Dans le monde chrétien, de nombreux préjugés sur l’adventisme ont été dissipés. Grâce à une plus grande liberté religieuse, l’Église adventiste est la sixième plus grande religion dans le monde en terme d’expansion géographique.
Le dialogue ne signifie pas le compromis, le syncrétisme ou l’œcuménisme, mais la recherche du respect mutuel afin d’éliminer les préjugés, les faux stéréotypes et la désinformation. « Nous voulons que les dirigeants des autres religions sachent qui sont les adventistes et quelles sont nos valeurs », déclare William Johnsson.[27]
Traduit de l’ouvrage de Bert Beach, Ambassador for Liberty, Des ponts au-delà des préjugés
raconte les succès du département de la liberté religieuse.
Théories du complot
Cette approche bienveillante envers les religions n’est pas toujours comprise. Selon Apocalypse 13, l’Église utilisera le pouvoir de l’État pour imposer un culte non biblique au monde entier. Sur cette base, les critiques de l’Église adventiste considèrent toute forme de relation interreligieuse comme une trahison ou une apostasie. Sans la moindre preuve, des théories du complot abondent : infiltration jésuite, accort œcuménique secret, transfert de fonds au Vatican, hérésies souterraines. Une simple poignée de main avec une personnalité religieuse suscite le soupçon d’une relation douteuse. Pour ne rien arranger, c’est devenu une routine dans la presse de qualifier « d’œcuménique » la moindre rencontre entre deux groupes religieux, y compris avec une religion non chrétienne.
Cependant, le livre de l’Apocalypse ne laisse nulle part entendre que le peuple de Dieu pactise avec l’ennemi. Au temps de la fin, le problème de l’église de Laodicée est l’arrogance spirituelle et la tiédeur missionnaire, pas l’hérésie doctrinale.
« Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » dit Jésus au sujet des critiques (Matthieu 7:16). Les théories du complot relèvent plus du fantasme que de la réalité, étant le plus souvent des extrapolations, des spéculations infondées, qui instillent le doute, la peur, la suspicion, l’amertume, la division et la critique de la direction adventiste. Leurs sources sont inexistantes, douteuses, frauduleuses, hors contexte ou invérifiables. Ellen White dénonça fermement ces procédés :
« Ceux qui affirment que les églises adventistes sont ou font partie de Babylone feraient mieux de se taire… Ils se sont rangés avec l’accusateur des frères, celui qui les accuse jour et nuit. »[28]
« Prenons bien garde de ne pas dénoncer la seule Église qui réponde à la description du reste, qui garde les commandements de Dieu, possède la foi de Dieu, et exalte la règle de justice en ces derniers jours. »[29]
« Bien que des imperfections se trouvent dans l’Église des derniers temps – il en sera ainsi jusqu’à la fin – cette Église doit être la lumière qui brille au milieu d’un monde souillé et perverti par le péché. Affaiblie et imparfaite, elle a besoin d’être reprise, avertie, conseillée ; mais elle n’en demeure pas moins ici-bas l’unique objet sur lequel le Christ jette un suprême regard. »[30]
À l’époque d’Ellen White, les critiques citaient dans la presse des déclarations de la prophétesse pour insinuer que l’Église adventiste sombrait dans l’apostasie. Ils utilisent aujourd’hui la même stratégie sur la toile et les réseaux sociaux. Étrangement, ils passent sous silence certaines déclarations :
« Ceux qui ont dénoncé les adventistes du septième jour comme étant Babylone ont cité les Témoignages à l’appui de leurs thèses ; mais pourquoi n’ont-ils pas cité ce qui est depuis des années le but de mon message : l’unité de l’Église ? Pourquoi n’ont-ils pas cité les paroles de l’ange : « serrez les rangs, serrez les rangs, serrez les rangs » ? Pourquoi n’ont-ils pas répété cette exhortation, et énoncé le principe d’après lequel « l’union fait la force, et la division, la faiblesse » ? »[31]
Spécialiste du livre de l’Apocalypse, pasteur Richard Lehmann fut le président de l’Union franco-belge
quand se fit l’adhésion à la Fédération protestante de France.
La connexion protestante
Depuis mars 2006, l’Union des fédérations adventistes françaises est membre de la Fédération protestante de France. Les critiques y voient un ralliement à l’œcuménisme, un pacte inacceptable avec le protestantisme déchu. Mais dans les faits, cette adhésion ne change rien à l’organisation, aux croyances et à l’indépendance fonctionnelle de l’Église adventiste dans l’Hexagone.
Dans ses relations avec les religions, le gouvernement français traite avec un seul interlocuteur pour le catholicisme, le protestantisme, l’Islam et le judaïsme. La Fédération protestante de France défend les intérêts des Églises protestantes, mais n’est pas une fusion des Églises elles-mêmes. Pour les adventistes, les avantages sont multiples : la réduction des préjugés, la liberté religieuse, être reconnu comme une « Église » et non une « secte », évangélisation moins coûteuse dans les médias, la coopération dans la traduction de la Bible et l’action humanitaire, ou la formation de l’encadrement des camps de jeunesse.
Dans un pays réfractaire aux sectes, être membre de la Fédération protestante de France apporte une crédibilité considérable et une visibilité positive à l’Église adventiste. Dans la population, il fait sauter le premier verrou de méfiance envers un groupe minoritaire largement inconnu. Dans l’esprit français, être un chrétien protestant fournit un précieux repère pour situer l’adventisme, associé à des mots formidables : la Bible, le salut par la grâce, laïcité, démocratie, modernité, droits de l’homme, justice sociale, entreprise. Avec cette belle carte de visite, la porte de l’évangélisation s’ouvre plus facilement en France.
Info ou intox ?
Dernièrement, un événement a suscité une grande agitation parmi certains adventistes. Le 25 janvier 2020, le pasteur adventiste Giovanni Caccamo signa un document local avec plusieurs églises chrétiennes de la ville de Bologne en Italie afin « d’œuvrer à la compréhension, la guérison et la réconciliation, pour la justice et la protection des minorités et des vulnérables, préserver la création, et promouvoir le dialogue et la coopération avec d’autres visions du monde et communautés de foi ».
Sans concertation avec la direction, l’initiative personnelle de pasteur Caccamo n’engageait pas directement la responsabilité de l’Église adventiste en général. Mais ce n’est pas ainsi qu’un site virulent contre les adventistes présenta les choses :
« Le samedi 25 janvier 2020, une « chartre œcuménique » a été signée par les adventistes du septième jour, les catholiques romains, les orthodoxes, les anglicans, les évangéliques et les méthodistes. La cérémonie de signature a eu lieu dans l’église romaine San Paolo Maggiore à Bologne en Italie. Le document signé est un gage d’engagement les uns envers les autres. Les adventistes ont promis un engagement à Rome, et Rome a rendu cet engagement en retour. »[32]
L’Union adventiste italienne et la Division inter-européenne désavouèrent la décision du pasteur Caccamo, évoquant une bonne intention mais un manque de jugement. Celui-ci retira son nom de l’accord. Peut-on parler d’un pacte avec le Vatican ? Absolument pas ! Mais les critiques ne s’embarrassent pas de scrupules. Ils font circuler de fausses informations, telle que le frère du pape est un adventiste.
Commémoration du 500e anniversaire du protestantisme à Moscou.
Le 31 octobre 2017, avec deux cent dirigeants chrétiens, pasteur Ted Wilson, le président de la Conférence générale, assista à Moscou à la commémoration du 500e anniversaire de la Réforme protestante. « C’est un grand privilège en ce jour où la Réforme démarra 500 ans auparavant de la continuer dans nos propres cœurs », déclara t’il dans son allocution. Il insista sur plusieurs doctrines phares de la Réforme : la Bible seule, le salut par la grâce seule, la foi seule en Jésus, Christ notre seul médiateur, et à Dieu seul soit la gloire.
Pour les critiques, la délégation adventiste commit une grave erreur en « s’associant avec des idolâtres, en participant à leurs festivités… en s’unissant avec le monde » à cet « événement œcuménique » auquel assista un représentant du pape et des musulmans. « Ce message aurait pu être prêché sans problème dans toutes les églises de Babylone… Luther fut excommunié quand il dénonça les faux enseignements de l’époque. Il ne reçut pas des applaudissements et la louange de Babylone, comme Ted Wilson à la fin de son discours », commenta un critique.[33]
Cette attaque contre la direction adventiste omet un fait : c’est précisément l’enseignement de Martin Luther que pasteur Ted Wilson rappela à la mémoire de l’auditoire au 500e anniversaire de la Réforme. Sans bigoterie, ni sectarisme, ce fut une occasion unique de témoigner au monde protestant que les adventistes marchent sur les traces de leurs glorieux ancêtres spirituels. Ils placent Jésus-Christ et la Parole de Dieu au centre du message des trois anges.
Un éclat de gloire
Au grand cri de l’ange puissant, « elle est tombée Babylone la grande ! », le peuple de Dieu sortira de Babylone et annoncera l’Évangile éternel au monde entier.
« Il y a de nombreuses âmes qui sortiront des rangs du monde, des Églises (protestantes) et de l’Église catholique elle-même – et dont le zèle dépassera de loin celui des croyants qui se seront tenus fidèlement dans les rangs des prédicateurs de la vérité. »[34]
La proclamation de l’Évangile s’achèvera dans un immense éclat de gloire. Sachant cela, Satan fait tous ses efforts pour instaurer un esprit sectaire et d’arrogance spirituelle parmi les adventistes. Comme l’ancien Israël, qu’ils se croient les seuls dépositaires de la vérité, les seuls bénéficiaires de la grâce de Dieu ! Parallèlement, qu’ils s’éloignent le plus possible de leurs semblables. Par crainte d’être infectés par l’erreur et l’immoralité, qu’ils ne les contaminent pas de la puissance transformatrice de l’Évangile.
Deux mouvements se développent aujourd’hui sous nos yeux. Certains sortiront du peuple de Dieu pour se joindre à Babylone (le camp de l’erreur). D’autres sortiront de Babylone pour se joindre au peuple de Dieu (le camp de la vérité). « Nous ne devons pas quitter la fondation que Dieu a établie et entrer dans une nouvelle organisation. Cela signifierait l’apostasie, quitter la vérité. »[35]
Pour atteindre les perdus, le peuple de Dieu n’utilisera jamais les armes de Babylone : l’intimidation, la peur, la menace, la manipulation, la désinformation, la dissimulation, le mensonge, la force ou la persécution. Les armes du Saint-Esprit sont la prière, l’étude de la Bible, la transparence, la bonté, la gentillesse, la courtoisie, la persuasion et le libre arbitre.
Auteur : Jean-Luc Chandler
Sources
[1] Ellen White, Testimonies, vol. 9, p. 504.
[3] Testimonies, vol. 9, p. 243-244.
[4] Review and Herald, 17 janvier 1893.
[5] General Conference Bulletin, 13 avril 1891.
[6] Testimonies, vol. 6, p. 70.
[7] Desire of Ages, p. 638.
[8] Colporteur Ministry, p. 128, Fundamentals of Christian Education, p. 217.
[9] Testimonies, vol. 5, p. 452.
[10] Idem, p. 713.
[11] Testimonies, vol. 6, p. 78.
[12] Spiritual Gifts, vol. 1, p. 172.
[13] Review and Herald, 13 juin 1912.
[14] Idem.
[15] Review and Herald, 21 octobre 1884
[16] Testimonies, vol. 8, p. 184.
[17] Testimonies, vol. 3, p. 462.
[18] Manuscrit 87, 1907 ; Lettre, 3 février 1908.
[19] Acts of the Apostles, p. 381.
[20] William Johnsson, « Seventh-day Adventists and other Churches », Adventist Review, 24 octobre 2013.
[21] « The œcumenical movement », www.adventist.org. https://www.adventist.org/articles/ecumenical-movement/
[22] « How Seventh-day Adventists view Roman Catholicism », adventist.org. https://www.adventist.org/articles/how-seventh-day-adventists-view-roman-catholicism/
[23] The Great Controversy, p. 591.
[24] Child Guidance, p. 259.
[25] Ministère de la guérison, p. 118.
[26] Manuscrit 14, 1887.
[27] « Dialogue interreligieux de l’Église adventiste du septième jour », Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogue_interreligieux_de_l%27Église_adventiste_du_septième_jour
[28] Témoignages pour l’Eglise, vol. 2, p. 420.
[29] Idem, p. 420.
[30] Idem, p. 414.
[31] Témoignages pour l’Eglise, vol. 2, p. 420.
[32] Advent Messenger, 20 février 2020.
[33] Advent Messenger, 28 mars 2018.
[34] Selected Messages, vol. 3, p. 386-387.
[35] Selected Messages, vol. 2, p. 390.